Les interviews de Rory
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Re: Les interviews de Rory
Oui entre l'anglais et le français beaucoup d'expressions, d'images sont exprimées de façon différentes. Alors la traduction mots pour mots devient inutile.
Par contre en ce qui concerne le passage où il parle des techniques d'enregistrement j'avoue avoir fait à l'arrache et ce n'est peut être pas très clair.
Par contre en ce qui concerne le passage où il parle des techniques d'enregistrement j'avoue avoir fait à l'arrache et ce n'est peut être pas très clair.
Re: Les interviews de Rory
Non ça va (enfin je ne suis pas musicienne) mais ta traduction est fluide, on la lit facilement, je pense que tu as bien traduit le tout. Moi j'ai souffert quand j'ai traduit les articles portugais car si je le comprends à l'oreille je ne le lis pas specialement et surtout je ne l'écris pas du tout. J'ai dû aussi adapter, mais j'ai respecté le sens car heureusement je connais un peu la vie de Rory donc je savais ce qu'il voulait dire à certains moments, mais comme toi il y a eu des passages où j'en ai bavé!
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Emi- Messages : 4358
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Re: Les interviews de Rory
J'ai traduit pour vous l'interview de Jas Obrecht de 1991, bonne lecture:
Vous êtes restés fidèle à la musique qui vous a inspiré au tout début.
Ouai, je pense que l’on doit reconnaitre les racines que vous avez. Même si vous vous développez en tant que guitariste au fil des années et que vous êtes influencés par différentes choses, vous devez garder dans le cœur ce avec quoi vous avez commencé, cette sorte de vision initiale de la musique, vous savez ?
Evidemment, il m’a fallu ce laps de temps pour apprendre un tas de choses différentes sur la musique et la façon de jouer etc… mais je pense que j’y arrive tout doucement. [Rire]
Vous semblez graviter autour des racines de la musique américaine.
Ouai. Même si j’ai grandit en Irlande, où il y a beaucoup de musique folklorique et traditionnelle qui est à porté de main, ça ne m’a pas intéressé initialement, même si je peux voir des traces s’immiscer à travers les années dans mon songwriting et dans certains motifs rythmique et solos. Mais je n’étais pas vraiment intéressé jusqu’à ce que j’entende la musique américaine via Lonnie Donegan. Vous savez, je l’ai entendu jouer des chansons de Woody Guthrie et Leadbelly. Et bien sûr j’ai entendu Elvis Presley et Eddie Cochrane, les premiers rockers, Chuck Berry. Alors c’était un mélange de blues, de folk et de Rock venu d’Amérique. J’avais seulement six, sept, huit, neuf ans et alors j’ai appris de tout ces artistes. Et je continue de découvrir des gens inconnus et d’apprendre. Mais ça m’a pris dix à quinze ans pour savoir qui est qui dans l’ensemble. Qui étaient les initiateurs, et qui étaient les adeptes ou les copistes.
Y a-t-il des disques que vous recommanderiez à des jeunes guitaristes qui ne connaissent pas Son house et les premiers bluesmen ?
Et bien je pense que chacun cite la connexion évidente avec Robert Johnson. Il semble être le virtuose de cette époque, mais Son House est très important dans la mesure où il a donné des leçons à Robert Johnson, je crois. Il a probablement écrit « Walkin’ Blues » par exemple. Et Muddy Waters a aussi déclaré que Son House était important à l’époque.
Ca dépend. Vous voyez c’est très difficile de dicter à des jeunes qui pourrait écouter Albert King et se voir immédiatement dans cette lignée. Je pense que tous les jeunes joueurs de Rock et de blues doivent approfondir plus loin que les big stars du blues comme BB King et Buddy Guy, qui sont tous géniaux. Je suis vraiment intéressé par le Country Blues et le «Country Blues électrifié » ainsi que je l’appelle - Big Joe Williams et les choses comme ça. J’aime aussi tous les grands joueurs de slide de Earl Hooker en passant par Muddy Waters bien évidemment. Robert Nighthawk est un de mes préférés, et j’ai finalement découvert Tampa Red sur le tard, et c’est un joueur très doux. Comme ce lick qui est connu de Muddy Waters - nous pensons tous qu’il s’agit d’un truc de Muddy Waters, mais il le tient de Tampa Red. Alors cette tradition de la musique Folk de transmettre, emprunter et voler c’est à en devenir fou, vous savez.
Mais dans mon propre style, en étant un européen très influencé par la musique américaine, j’essaie de trouver une manière de sorte que si j’interprète un classique blues, je peux le faire aussi traditionnel que je le souhaite. Je peux aussi y ajouter mon propre élément ou le déformer et en faire une chanson Rock avec un élément blues dedans. J’essaie d’être aventureux et progressif sur certaines choses, pour d’autres j’essaie d’être terre à terre et ethnique autant que possible.
Nous entendons ça dans votre version de « Empire State Express » de Son House.
Ouai. C’était aussi proche de… je l’ai fait en une prise intentionnellement. Je l’ai fait la nuit de la Saint Patrick assez bizarrement, juste l’année dernière. C’était le dernier titre de l’album [Fresh Evidence], et j’aimais la chanson. J’ai perdu l’album que j’avais, alors j’ai du me rappeler. Heureusement j’avais recopié les paroles. Je l’ai fait aussi proche que possible du style de Son House. Pour chanter dans le tempo auquel je chante, j’ai du légèrement ajuster le rythme, mais je pense que c’était une chanson géniale. Je pense que c’était une chanson vraiment négligée. Al Wilson de Canned Heat jouait sur guitare National sur un ou deux titres de cet album particulier.
C’est l’album Death Letter de Son House ?
C’est exact avec « Pearline » et « John The Revelator » c’est une autre chanson géniale.
Et aussi « Ghost Blues » [sur Fresh Evidence] c’est tout à fait traditionnelle dans son approche avec la National. L’humeur aussi sur - comment vous l’appelez ? « Middle Name » - la guitare dessus sonne plus comme un disque de Slim Harpo. Alors il arrive toute sorte de références dans tous les sens. Il y a quelques titres Rock bons. « Kid Gloves », « Slumming Angel » et Walkin’ Wounded ». Le reste est beaucoup plus dans le domaine blues, je pense. « The King of Zydeco » même si c’est sûr Clifton Chenier, c’est presque countrysant plus que Zydeco dans l’ambiance, mais au moment où l’accordéon et les maracas arrivent, c’est… nous avons essayé la Washboard dessus pour voir si ça prendrait - vous savez son frère « rub board » comme ils l’appellent - mais ça ne marchait pas sur cette chanson. Nous avons écartés une chanson appelé « Never Asked You For Nothin’ » qui aurait pu le faire sur l’album, mais c’est une de ces quinzaines de chansons qui peuvent survenir à nouveau. Et nous avons été assez chanceux de trouver ce type, Geraint Watkins qui est un passionné de musique cajun et zydeco et qui joue du boogie woogie et du Rock n’ Roll au piano. Il a beaucoup joué avec Dave Edmunds et il jouait du piano avec les Stray Cats, et il a son propre groupe du nom de Balham Alligator. Balham est un quartier du sud de Londres, alors c’est un peu drôle comme nom, vraiment, c’est un nom grotesque. C’est-ce qu’il est.
Aussi au niveau de la production , j’étais très aigu sur l’album précédent, qui s’appelle Defender qui a beaucoup d’élément blues. Mais c’est plus une production Rock, alors que celui-ci [Fresh Evidence] est une sorte de… non pas harmonieux mais nous n’avons pas exagéré la compression et n’avons pas sur utilisé le cleaning up et le noise gate. Nous l’avons laissé assez équitable et spontané. C’est de cette façon dont sont habillés les morceaux, vous savez ? J’espère que les gens ont retenu ça sur Defender car c’est toujours un album qui est dans l’actuelle setlist, même si nous changeons le répertoire chaque soirs.
En quelle année est sortis Defender ?
C’était il y a deux ans.
Il est sortit en Angleterre ?
Il est sortit en Angleterre et partout en Europe. Il sortira ici dans deux semaines, en fait, donc il sortira simultanément avec le nouvel album. Mais évidemment l’accent est mis sur Fresh Evidence. Defender a quelques chansons Rock, quelques chansons rugueuses comme « Kickback City » et « Road To Hell », mais il y a quelques chansons blues. Comme un des titres que nous avons fait qui s’appelle « Continental Op » qui a été influencé par Dashiell Hammett - c’est un de ses personnages. Même si c’est un boogie rock, c’est plus un rythme à la John Lee Hooker avec des accords suspendu, des choses comme ça. Il y a aussi une chanson appelé « Loanshark Blues » qui là encore est une chanson à la manière de Slim Harpo le genre d’ambiance à la « Shake your hips ». Mais elle a de superbe parole sur les hauts et les bas d’un type endetté au près d’un usurier. Des paroles rapides avec des allitérations. Il y a une chanson qui s’appelle « I Ain’t No Saint » qui est beaucoup dans l’esprit Albert Collins et Albert King.
J’aimerai arriver au point où il y a un style Rory Gallagher plutôt que… mais vous devez vous référez à toutes ces inspirations et références vous savez.
Mais il y a définitivement un style Rory Gallagher. Par exemple il y a un continuum entre des chansons comme « Slumming Angel » et « Livin’ Like A Trucker ».
« Livin’ Like A Trucker » je m’en souvient très bien parce que nous avions le clavinet avec la wah wah. J’étais si puritain alors, je ne voulais pas jouer moi-même de la wah wah. C’est comme quelqu’un qui se moquait de moi l’autre soir. Il n’était pas content d’entendre certains équipement que j’utilisais. Il ne voulait même pas que j’utilise de l’électricité. Certains ont cette image si puriste de vous que vous ne devriez même pas l’utiliser… [Rires]
Il n’ont vraisemblablement jamais entendu Taste à l’île de Wight.
Exact. Ainsi vont les choses. Mais « Livin’ Like A Trucker » j’aime moi-même cette chanson. Tous ces albums sortiront l’année prochaine ou dans deux ans chez IRS en cd avec des livrets contenant les paroles. Et certains seront légèrement remixés et égaliser pour le cd. Avec cette absence derrière moi, ce sera génial de revoir mon vieux matériel ressortir et les gens pourront y jeter un œil et voir si il a tenu le coup ou pas. Je pense qu’il n’est pas trop datée.
Quand vous enregistrez des solos qu’attendez vous de vous-même ? Comment un solo de Rory Gallagher doit être ?
J’essaie de faire la différence entre être assez intelligent et technique, et rester primitif. Parce que je pense qu’il s’agit juste d’un exercice technique, tout cela est très bien. Même si un solo doit pencher vers le primitif, ainsi soit-il. Cela dépend de la chanson, si vous devez jouer de façon très calculé ou si vous overdubbez le solo quelques fois. Vous savez, j’ai toujours pour habitude de faire de solos live, avec des erreurs et tout, juste pour la sensation. Mais maintenant si une chanson a besoin d’un certains type de solo mélodique, je me prépare à le travailler encore et encore. Mais j’essaie de ne pas prendre l’habitude de laisser tomber les [notes percutantes] parce que c’est vraiment tentant d’obtenir le solo parfait. J’ai été coupable de ça, une ou deux fois mais uniquement pour essayer de le sauver si vous êtes sur la bonne voie. Mais comme une règle, j’essaie de garder une emprise sur la technologie, ça ne prend pas en compte le facteur humain et vous devenez trop paresseux pour faire les choses, vous savez.
Est-ce que la technologie a eu un impact sur la manière dont vous faites des disques ? Est-ce différent d’enregistrer le nouvel album que d’enregistrer Blueprint et Tattoo ?
Un petit peu différent, ouais. Bien sûr nous avons le 24 pistes. Deux de ces albums ont été fait sur un 8 pistes. Quand nous sommes passés au 16 pistes c’était comme l’an 2000 ! En fait sur cet album nous avons apporté de l’écho et de la reverb. Nous essayions d’utiliser plus d’équipement vintage. Nous avons utilisé certains equalizer moderne. Je ne suis pas dingue de l’équipement digital, et évidemment si vous devez nettoyez quelque chose vous pouvez utiliser le noise gate - vous savez subtilement. Mais en terme de performance, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de différence, excepté que nous étions un peu plus rigoureux à l’époque pour essayer de l’obtenir. Nous essayions toujours d’enregistrer en une prise. Je réparais quelque chose si je pensais que c’était une bonne performance. Juste à cause d’une réparation nous aurions pu sauver quelques pistes, mais nous étions très désireux de l’obtenir. Même avec la Telecaster sifflante et tout. C’était ridicule ce genre d’attitude mais c’est ainsi que je pensais. Nous n’aurions pas du être si strict envers nous-mêmes mais c’est comme ça que nous étions. J’ai eu la même attitude avec l’écho. J’ai été très conservateur dans ce domaine, ce qui était probablement une erreur. Mais vous apprenez en avançant. Et cela dépend aussi de l’ingé-son avec qui vous travaillez et de la confiance que vous avez en lui et tout le son et l’ambiance. Je continue de penser que l’approche pour enregistrer n’est pas si différente de celle des premiers albums, mais nous sommes probablement un petit peu plus conscient de ce qui est soniquement possible maintenant et ce que nous pouvons faire. Aussi ces premiers albums ont été faits entre trois et six semaines alors que maintenant les albums prennent six mois pour être fait, un peu comme avec cet album, entre les remixes, les reprises.
Avez-vous éviter les superpositions de pistes et joué Live autant que possible ?
Oui en général. J’ai aussi intégré une partie de fortes guitares rythmiques sur des titres comme « Middle Name » et « King Of Zydeco » et « Walkin’ Wounded » . Au lieu de la strat, j’ai cette Gretsch Chet Atkins qui est excellente pour des rythmes avec des cordes lourdes - pas le modèle Eddie Cochrane, celle en forme de Les Paul, la petite orange. C’était génial pour la rythmique. Et j’ai utilisé la Les Paul Junior sur la partie rythmique de « Kid Gloves » et aussi la partie rythmique de « Walkin’ Wounded ». Même si on m’identifie à la strat, et j’aime la strat. Je pense que si vous avez une rythmique strat et une partie lead strat, excepté dans une situation hendrixienne, cela peut être un peu unidimensionnel. Alors c’est agréable d’avoir une guitare alternative pour élargir le son. Même une Telecaster sonne bien en rythmique avec la strat en lead guitar. Cela dépend des titres.
Avez-vous toujours la vieille Stratocaster que vous utilisiez sur les premiers disques ?
Ouai. Nous sommes collés ensemble comme de la glue.
Comme Albert King avec sa Flying V - elle est récemment tombée dans une rivière et il ne s’en sépare plus de nouveau.
J’ai toujours aimé le son hors phase que Albert avait, mais il ne donnerais jamais aucune information sur son accordage ou quoique ce soit. Aussi il était un des rares que je connais qui utilisait des amplis acoustique à transistor, solid state, qui ont un contrôle de distorsion en eux. Steve Winwood avait l’habitude d’en utiliser un quand il était dans Blind Faith. Et je pense que sur l’album de Gary Moore, lorsque Albert King travaillait dessus, il jouait avec un Roland JC-20, qui est un ampli à transistor. Alors bien sûr il se sent comme chez lui avec. Mais alors les micros de la Flying V sont pleins et chauds et ils peuvent s’harmoniser avec le solid state.
Quand Albert a ramené la guitare au type qui l’a construite, Dan Erlewine, il l’a mis dans un sac en jute sans étui, l’a enveloppé avec quelques cordes autour et l’a envoyé par bus Greyhound.
Dieu tout puissant !
Dan a demandé à Albert pourquoi il a fait ça, et Albert lui a répondu que c’était trop bon un étui au risque que quelque chose lui soit arrivé.
[Rires] C’est drôle. C’est bizarre.
C’est Albert.
C’est comme l’histoire de Mike Bloomfield allant pour enregistrer avec Bob Dylan avec la Telecaster sans étui., avec un sac à fermeture. Ces choses insouciantes sont géniales vous savez. Tout le monde se déplace avec des flight case maintenant. Mais nous avons encore quelques domaines à l’abandon en terme d’étui. Mais plus vous voyagez autour du monde et plus vous devez être précautionneux avec vos instruments. Parce que c’est seulement quand ils sont volés ou cassé qu’il vous manquent vraiment.
Avez-vous perdu des instruments ?
On m’a volé ma statocaster à Dublin dans les 60’s et on me l’a rendu après deux semaines parce qu’il y avait un programme TV de la police et ils l’ont passé. J’ai perdu une Telecaster au même moment - quelqu'un à fait irruption dans le van et a volé la Strat et une Telecaster, qui n’était juste qu‘un prêt que l’on m’a fait. On ne me l’a jamais rendu. On m’a rendu la strat, cependant. Elle a été trouvée dans un fossé avec quelques égratignures supplémentaires. Elle a aussi été dehors sous la pluie. Alors j’ai juré de ne jamais la vendre ou de la peindre après ça. J’ai dû emprunter une guitare pour m’aider à traverser cette quinzaine. J’avais bon espoir de la récupérer et je ne pouvais pas me permettre d’acheter une nouvelle strat à ce moment. Je jouais sur une Burns qu’un roadie m’avait tendu. Mais ça devait se passer ainsi. La strat sonne bien. Bien sûr, les mécaniques, les frets, les boutons de volumes ont été changé au fil des années mais c’est toujours la même.
Connaissez-vous l’année où elle a été fabriqué ?
C’est novembre ‘61 et je l’ai eu en août ’63. Alors c’était une seconde main. C’était la première Stratocaster en Irlande apparemment, mais le type qui l’a commandé en voulait une rouge, comme Hank Marvin et il lui ont envoyé une sunburst à la place. Alors il a dû attendre un an et demi ou quelque chose comme ça pour avoir la rouge et ensuite il a vendu celle-ci à la boutique. Alors je l’ai eu. Avant ça j’ai dû emprunter des guitares. J’ai eu une électrique Solid 7, qui était une italienne, une guitare très fragile, ce qui permettait de distordre avec mon ampli Little Giant de 4 watts que j’avais. Je souhaiterai l’avoir maintenant comme ampli Tune-Up. C’était comme un genre d’ampli Pignose. A cette époque vous essayiez d’obtenir le son clair d’Hank Marvin and The Ventures ou quelque chose comme ça. Buddy Holly. Mais quand j’ai eu la strat j’étais paré.
Cela a du être un jour heureux pour vous.
Oh, ça l’était. Je veux dire, pendant des semaines, chaque matin je me réveillais, je regardais la guitare dans son étui, et je la traitais comme un être vivant ou quelque chose de magique. Même l’odeur de l’étui, je marchais complètement sur la tête à l’époque.
Voyagez-vous toujours avec ?
Oh bien sûr, ouai. Je ne la garde pas nécessairement avec moi en avion, mais nous devons en prendre soin. Chanceusement j’ai un modèle de 1957 en bon état. Je la tiens d’un guitariste du nom de Robert Johnson qui était basé à Memphis à l’époque et qui travaillait avec John Entwistle. Et c’est une superbe guitare. Je l’utilise sur les albums quand je n’utilise pas la vieille strat. C’est plus un son fifties.
C’est un son clean à la Buddy Holly, Rockabilly. Elle a un manche érable et c’est bon si vous voulez un son acidulé. Parce que ma vieille strat est une strat classique je suppose. A cause de son âge, la sueur à l’intérieur et plein d’autre chose, la tonalité est beaucoup plus sale, torride qu’une strat standard. Elle se rapproche presque plus du son d’une SG parfois, ou une vraie raw Tele, ce qui me convient.
Mais la ‘57 est superbe. Tout ce que j’ai fait c’est de mettre de grosse frettes - j‘aime les jumbo frets. Et j’ai aussi déconnecté le contrôle du milieu. Ce qui est le bouton de tonalité pour le micro manche. Aussi sur les deux strats j’ai le bouton de tonalité inférieur en tant que bouton de tonalité général. J’aime ça sur les Telecaster, vous pouvez ajuster la tonalité et le micro chevalet. Mais je pense que l’idée que Fender avait était qu’à cette époque vous jouiez le rythme avec le micro manche et ensuite vous passiez sur la position « Peggy Sue ». Dans les premiers jours vous voyez, certains groupes n’avaient pas de basses ou de guitares basses comme vous le savez. La même chose avec les Telecaster - dans la position micro manche ce grand condensateur crée de grosses lignes de basses ronflantes.
En fait, Muddy Waters jusqu’à quelques années avant sa mort a laissé sa guitare dans ce style. Alors il pouvait faire ces grosses lignes de basses ronflantes.
Muddy jouait sur cette Tele à la toute fin aussi loin que je sache.
La Tele rouge. Apparemment le manche était un manche de remplacement. La guitare était initialement blonde, et Fender de Chicago - il devait avoir une branche là- lui a donné un manche avec un dos très épais dessus. Mais Muddy a un feeling génial. Même lorsqu’il ne jouait pas de slide, les formes qu’il jouait - particulièrement avec Jimmy Rogers, et bien sûr, Sam Lawhorn qui vient juste de décédé assez récemment.
Vous avez eu la chance de travaillé sur « The London Muddy Waters Sessions ».
Ouai je l’ai fait. A l’origine Al Kooper devait produire cet album, et c’est lui qui m’a appelé. Ils ont changé de producteur ensuite et le projet était de nouveau sur les rails. Mais évidemment j’étais ravis. C’était durant trois nuits. Chaque nuits je jouais un concert au même moment, ils suspendaient la session jusqu’à minuit, jusqu’à ce que je sois là. Et il était assis là accordant sa guitare, un verre de mousseux à la main. Il me la tendu, faisant ce cadeau à un jeunot de 23 ans. Mais je pense que c’était un travail sérieux, car il y avait la moitié de son groupe. Et ensuite il y a eu Mitch Mitchell à la batterie, Steve Winwood au piano. Alors on a passé du bon temps. Ils ont remixé l’album de retour à Chicago je pense. Ils ont apportés quelques pistes de rechanges provenant de certaines compilations ou de séries best of.
Comment était-ce de travailler avec Albert King sur le LP LIVE ?
La situation est qu’il s’était présenté à Montréal et tout était arrangé pour être enregistré. Son second guitariste l’a laissé tombé le jour même, alors il m’a demandé si je voulais monter sur scène. J’ai dit non parce que son répertoire est assez arrangé - ce n’est pas libre comme Muddy, vous savez ? C’est un type plus intense que Muddy, mais pas aussi sympathique. J’ai horreur de dire ça, mais j’ai été obligé de me poser et de combler aussi bien que je pouvais. Il n’y avait pas de répétitions, rien du tout, vous deviez juste deviner dans quel accord, quelle tonalité il jouait. Chaque fois je lui demandais la tonalité, il disait « Si naturel » et il jouait en mineur. Son accordage est comme Mi mineur 6 ou Mi mineur 7, aussi loin que je me souvienne. Alors je devais être à l’affût. Une vraie expérience ! [Rires] J’ai fini par l’avoir.
Mike Bloomfield a une fois mentionné avoir été dans un combat musical avec Hendrix, et il a sorti le grand jeu. Il a dit quelque chose comme « Tout ce que je pouvais c'était prier Dieu pour être Albert King !».
Ouai. Si Albert veut vous clouer au mûr, il a cette incroyable attaque. Il joue simplement une seule note. J’étais un fan d’Hendrix et de Bloomfield. J’ai rencontré Mike une fois - nous avons fait une émission de télé, Midnight Special, lorsque l’Electric Flag s’est reformé. Et il était très aimable, un type humble et un superbe guitariste. Un guitariste vraiment expressif. Je peux le voir dans cette situation où il ne veux pas entrer dans cette supercherie. Mais c’est un compliment de la part de Mike si Jimi était aussi effrayé, parce que normalement Hendrix était assez préparé pour se relâcher et même jouer la basse lors de ces jams sessions.
Avez-vous rencontré Jimi ?
Je ne l’ai jamais rencontré. Je l’ai vu jouer deux fois mais j’ai vu trois concerts. J’étais au Speakesy Club à Londres une fois, et il était assis quelques tables plus loin, parlant à quelqu’un. Je n’ai pas eu le cran d’aller le voir et de l’ennuyer. Cela m’est arrivé à plusieurs reprises. Et vous le regretter plus tard - je pense, que tout ce que vous avez à faire est de leur serrer la main et de prendre contact. Parce que ces gens passent dans ce monde et vous ne devez pas attendre un bonjour de leur part, vous savez.
Si vous pouviez remontez le temps pour voir des musiciens jouer qui serait en haut de la liste ?
Oh, il y en a énormément. J’aurais aimé voir Django Reinhardt jouer live - je pense que ça devait donner des frissons. Évidemment j’aurais aimé voir Robert Johnson - qui ne le voudrait pas ? J’aurais aimé voir le premier Sonny Boy Williamson. Il y a tellement de gens. J’aurais aimé voir Buddy Holly. Je n’ai jamais vu Son House mais j’ai été assez chanceux dans les 60’s pour voir les gens importants. J’ai vu Muddy Waters, John Lee Hooker, Big Joe Williams. J’ai vu T Bone Walker. Et nous avons été assez chanceux de tourner aux Etats-Unis et de jouer avec Freddie King, nous avons joué avec Juke Boy Bonner. J’aurais aimé voir Blind Boy Fuller, vous voyez, d’ailleurs il était dans la lignée de Blind Blake. Et j’ai vu Reverend Gary Davis. Je suis plutôt chanceux, vraiment. Mais il y a certains pionniers que j’aurais aimé voir.
Blind Boy Fuller est une figure obscure, même aujourd’hui. Comment avez-vous découvert sa musique ?
Avec le disque Blues Classics avec Bull City Red et Sonny Terry dessus.
Avec « Step it up and go » ?
Ouais et « Three Ball Blues ». Oh, il était génial. Et Scrapper Blackwell je l’aimais beaucoup, particulièrement lorsqu’il enregistrait à 71 ans ou quelque chose comme ça. Et il était en grande forme. En fait quand je me replongeais dans les enregistrement originaux avec Leroy Carr, j’étais un peu déçu car il s’était amélioré à mes oreilles en tant que guitariste. Mais alors les premiers enregistrements ont été enregistré de façon médiocre - vous ne pouvez pas très bien entendre la guitare. Le blues revival était une chose surprenante, que Furry Lewis, John Hurt - beaucoup d’entre eux - se soit amélioré au lieu de suivre l’autre voie. C’était fantastique. J’espère que maintenant John Lee Hooker a son gros tube et que Albert King & Albert Collins se portent bien. Et que BB King va entraîner dans son sillage quelques types moins connus comme John Littlejohn et Johnny Shines, Johnny Young. Ce ne sont pas des joueurs classiques mais ils ont tous un super son rugueux, vous savez.
Utilisez-vous des open tunings ?
Ouai. J’utilise l’accordage DADGAD sur « Out on the western plain » la chanson de Leadbelly. C’est un de mes accordages préférés. Il est supposé avoir été découvert par Davy Graham, un guitariste écossais, et ensuite il a été utilisé par Bert Jansch et Martin Carthy, tous de grands guitaristes à leur façon. Je me suis intéressé tardivement au Dropped D, qui consiste à baisser les cordes de Mi grave et Mi aigu. C’est assez sympa. L’Open de La est lié à l’Open de Sol, et je l’utilise beaucoup en utilisant un capodastre.
Quels accordages utilisez-vous sur l’album pour les titres slide ?
Laissez moi voir. L’open de Sol. Même si « Ghost Blues « est en La, la guitare est accordé en open de Sol. La slide sur « Walkin’ Wounded » est en accordage standard. « Empire State Express » est en open de Sol. Je pense que toute les autres parties de slide sont en accordage standard, de la même façon que Earl Hooker pouvait jouer les accords et ensuite passer au solo.
Une fois Muddy a dit que Earl Hooker était le meilleur joueur de slide.
Il avait l’habitude de jouer sur de grosses cordes aussi, particulièrement sur les premiers albums de Junior Wells. Sur la version originale de « Messin’ with the Kid » , il joue avec un énorme son de Stratocaster, il était passé sur Danelectro, et ensuite il est passé sur Gibson.
Sa slide sur une chanson comme « Anna Lee » est juste d’un autre monde.
« Anna Lee » et « Sweet Black Angel » sont comme vous le savez toutes les deux des chansons de Robert Nighthawk. Mais il était le premier type, avec Hendrix dont je pouvais accepter l’utilisation de la wah wah. [Rires]
J’ai du mal avec la wah wah de Earl - parfois il va trop loin.
Ouais, ouais. Et bien, je pense que ce qui a chamboulé beaucoup de monde, c’était l’album d’Howlin’ Wolf où ils avaient mis beaucoup de wah wah. Rappelez-vous celui qui est sorti dans la même période que Electric Mud ? [L’album d’Howlin’ Wolf sur Chess Records]
Celui avec Pete Cosey dessus.
Ouais. Je ne peux pas me rappeler qui d’autre était sur l’album. Les notes de pochettes étaient marrantes. Ils ont même mis sur la couverture « Howlin’ Wolf n’a pas aimé cet album, mais aussi il n’a pas aimé sa guitare électrique… »
Le principal guitariste de Howlin’ Wolf, Hubert Sumlin, était sérieusement sous estimé.
Absolument, ouais. C’est une honte. Est-il en bonne santé ? Va-t-il bien ?
J’ai entendu qu’il allait bien récemment.
Il a fait certains disques que j’ai depuis l’époque d’Howlin’ Wolf. Mais soit la production est mauvaise, ou le matériel n’est pas là ou il manque Wolf ou l’alchimie à disparu.
Au lieu de jouer avec des groupes fournis par des labels, il serait préférable qu’il constitue son propre groupe et répertoire et faire à sa façon.
C’est important. Et bien beaucoup de gens pensent qu’ils connaissent mieux, une fois qu’ils ont cette mentalité de producteur. Je sais que c’est un travail important, mais certaines personnes peuvent être extrêmement antipathique pour ce qui est juste, vous voyez ce que je veux dire ? Mais comme les années passent tout devient de plus en plus serré en terme de budget, pression et tout ces autres facteurs. Hubert est un type qui mérite son heure de gloire, vraiment, parce qu’il joue des choses incroyables, à la fois sur Les Paul et Stratocaster. Vous ne savez jamais quelle guitare il utilise sur les disques - il a un son génial. Et lorsqu’il est arrivé en Angleterre avec cette strat couleur tigrée. J’ai vu une photo de cette dernière sur l’un de ces albums de Kent du Memphis Blues - le genre de Joe Hill Louis. Mais il y a une photo de la guitare et j’ai une vague idée de ce que c’est. C’est une guitare africaine. Quelqu'un m’a dit que c’était une Zanzibar ou quelque chose comme ça. Si vous le voyez demander lui. Surtout avec tout cet intérêt pour les promos de prêteur sur gage. Celle-ci n’a jamais surgi - à moins qu’il l’ai peinte lui-même.
Quand vous jouez de la slide, utilisez-vous un médiator ?
Ouais, médiator et doigts. Aussi je varie la slide. Parfois j’utilise une bouteille de corricidine sur mon annulaire, ou quelque fois sur mon auriculaire. Alors que parfois j’utilise un bottleneck en laiton si je joue sur National. Mais si je joue complètement électrique je joue avec le bottleneck en métal.
Entendez-vous des différences de tons entre ces différents matériaux ?
J’en entend bien sûr, ouais. Le verre est évidemment plus - je ne dirai pas hawaïen - mais plus tendre et doux. Le laiton ou le cuivre est très dur, si vous voulez obtenir une sorte d’attaque à la Son House. C’est presque trop dur tout le temps. L’acier est un bon compromis. Cela dépend de la guitare que vous jouez.
Utilisez-vous une clé à douille comme Muddy ou une slide en métal ?
Une slide en métal. J’ai une clé à douille parce que John Hammond m’a dit qu’il en utilisait une. Et Lowell George avec qui nous avons joué en avait une aussi. Elles sont fantastiques mais vous avez vraiment besoin de cordes épaisses. Je ne sais pas lesquelles j’utilise - une 5/8 ou 7/8 ou quoique ça puisse être. Elles sont fantastiques mais si vous jouez plus que quelques titres, elles tirent votre annulaire vers le bas. Elles sont très lourdes mais elles sont idéales pour la slide. C’est mon principal reproche - non pas que j’aime les slides légères, mais vous ne voulez pas qu’elles vous fatiguent la main.
Réglez-vous une action différente si vous jouez de la slide ou avez-vous une guitare spéciale pour ça ?
J’ai une Gretsch Corvette qui est en Open de Sol ou Open de La, cela dépend de la chanson, et j’y mets des cordes comme 0.13 à 0.50, quelque chose comme ça - médium. Mes cordes habituelles sont quelques choses comme 0.10 à 0.44 et l’action est assez haute. Alors c’est bon pour la slide. Mais pour vraiment jouer de la slide en open tuning il faut des cordes lourdes. Mais je peux me débrouiller avec les deux. J’essaie de toute façon.
Quel est votre ampli favori ?
Bonne question ! C’est une combinaison entre le VOX AC30, qui est mon premier ampli et le 4x10 bassman Fender, aussi j’aime le petit Deluxe Fender qui est très bien. Mais j’ai joué sur le Ampeg VT-44s qui est très bien. Au fil des années j’ai utilisé un combo Marshall 50 watts en conjonction avec un Fender ou un Vox et ils sont très bon pour le volume et le mordant. Mais la chaleur du Fender et le caractère du Vox sont difficile à dompter. Donc il est quelque part la dedans.
Qu’entendons-nous sur le nouvel album ?
Sur les parties rythmiques. C’est une combinaison de Vox et Marshall. Presque toutes les parties lead ont été faites avec un Fender 1955 bassman. Nous avons retiré le dos et installé des micros ainsi que sur le devant, ainsi nous avons toutes sortes de variations. C’était à peu près de cette façon - je veux dire, chaque pistes n’a pas été pensé comme une partie rythmique, mais 80% des pistes étaient comme ça. Vox et Marshall pour la rythmique, gauche et droite, et ensuite le Fender bassman pour les solos.
Vos fans aux États-Unis ont attendu longtemps pour vous voir tourner. Quelle est la cause du retard ?
Je ne sais pas. Nous somme revenu en Europe après la dernière tournée américaine en 85, et nous sommes resté en Europe à enregistrer et à tourner. Nous avons joué en Yougoslavie, Hongrie etc… Et ensuite nous avons essayé de démêler une affaire de droit en Amérique. Je ne savais pas que le temps passait si vite.
Nous avons lu des annonces dans N.M.E (News Musical Express) que vous jouiez là-bas.
Nous étions irrités aussi. Nous étions sur un ensemble de tournées nationale avec ces grands groupes de stade. Nous avons fait ça afin de venir en Amérique, pour payer pour les vols et aussi pour nous donner du temps libre pour jouer dans les clubs et universités. Mais faire ces autres concerts, vous rentrez chez vous insatisfait, parce que vous êtes mal traité dans certains cas avec les contrôleurs et le montant de location des salles, les lumières et le matériel.
Le temps passé sur scène.
Le temps bien sûr.
Le public américain n’est pas toujours aimable avec les premières parties, surtout si c’est un genre différent.
En effet ! Et c’était le problème. Ce n’était pas si mal lorsque nous étions sur la même affiche avec ZZ Top ou quelqu’un de cette lignée. Mais il nous est arrivé d’être sur plusieurs affiches qui était étranger à notre genre. Nous n’étions pas hués ou quoique ce soit, mais vous sentez que vous perdez des semaines de votre vie quand vous pourriez jouer dans des clubs ou des petits théâtres. Je regrette que nous ne soyons pas revenu entre temps, mais ça nous à donner la chance de réévaluer ce que nous faisons et nous étions très occupé en Europe. Et puis j’ai développé un problème avec le vol en avion, qui a fait empirer les choses.
La peur de voler ?
Ouais. J’ai eu quelques mauvais vols et j’ai le Buddy Holly complexe. C’est devenu si mauvais, que je ne peux même pas aller en Irlande, qui n’est seulement qu’à une heure [de Londres]. Alors pour jouer sur le continent, je dois voler le soir d’avant pour que je sois ok pour la date. Ce n’est pas vraiment une peur de mourir, mais un mixe entre la claustrophobie et plein d’autres choses.
C’est un miracle - j’ai volé de Londres à Tokyo, du Japon à l’Australie, de l’Australie à Los Angeles, de Los Angeles à San Francisco etc… Nous serions obligé de faire notre signe de croix et de retourner à Londres. Jusqu’ici tout va bien. Mes prières ont été entendus, alors. Vaincre cette peur de voler a été toute une épreuve pour moi, je peux vous le dire, parce que c’est la dernière chose dont j’avais besoin après toutes ces années à tourner et à voler deux fois par jour. Alors ça a aggravé mon problème de ne pas être capable de revenir aux États-Unis.
Avez-vous des conseils pour garder votre santé mentale ou de rester concentré sur la tournée ? C’est une vie si inhabituelle.
En effet ça l’est. Il y a aussi un terrible danger - entre le voyage et les autres choses et aller au concert etc… vous avez un petit peu de temps pour jouer pour vous même à l’hôtel, et vous pouvez avoir la flemme de jouer. Alors je consacre un moment chaque jour à l’hôtel pour jouer et j’apporte un lecteur de cassette et j’enregistre ce que je fais. Et j’écris des chansons, juste un sous-produit de ça. Mais pour garder votre santé mentale, je ne sais pas. Cela vous prend environ vingt ans pour savoir. Vous savez ce que tout les débutants sont au départ, mais il faut énormément de temps pour user les nerfs d’un musicien. C’est juste votre attitude, vraiment, en terme de voyages, vols, pour les hôtels, pour se souvenir qui vous êtes, et essayer de garder cet esprit d’équipe tous les soirs et essayer de faire un bon concert. Je pense que tous les musiciens doivent passer par ça. Vous devez juste développer un sens de l’humour et la patience et simplement rester cool. Vous savez le vieux cliché de faire son concert et de ne pas s’inquiéter du prochain mardi ou de la fin de la tournée. C’est un classique mais c’est vrai.
Si les gens qui vous connaissent par vos disques, entendent ce que vous jouer dans votre chambre d’hôtel, seront-ils surpris ?
[Rires]
Êtes-vous secrètement un joueur de country ou bluegrass ou un joueur de flamenco ?
Flamenco, définitivement. Non je joue quelques licks country. Je suis assez enthousiasmé par le jeu de Roy Nichols, qui joue habituellement sur les albums de Merle Hagard et certains guitaristes qui ont joué avec Waylon Jennings et Johnny Paycheck. Je n’aime pas cette country commerciale. Je ne peux pas vraiment jouer de Flamenco aussi bien - je peux faire semblant mais juste pour mes propres oreilles. Je fais quelques petites trucs de Jazz et Ragtime - n’importe quoi qui puisse détendre. Aussi c’est bon pour la santé mentale, de ne pas nécessairement jouer ce que vous faites sur scène. Et aussi même si vous écouter des cassettes dans votre chambre. Je joue beaucoup de Folk, comme Martin Carthy et un peu de musique irlandaise et un peu de Django. Particulièrement si vous faites une longues tournées, c’est assez difficile d’écouter des genres de musiques similaires dans votre chambre. Alors c’est bon de jouer quelques choses d’un peu différent. Et la country et le Folk est un bon écart. Cela ne veut pas dire que je ne joue pas de blues dans ma chambre d’hôtel - j’en joue. Cela dépend de la phase par laquelle vous passer et de l’année et de l’humeur dans laquelle vous êtes, ce genre de choses.
Je suis continuellement surpris de voir à quel point le blues est un langage universel. Combien il parle au-delà des frontières à des gens si divergent.
Particulièrement depuis ce récent intérêt. J’étais découragé à la fin des 70’s et jusqu’à la moitié des 80’s. Je pensais que nous allions droit vers l’âge de la technologie et c’était la fin de ça. Batteries électronique, techno pop. Alors il y a cet intérêt pour le blues maintenant au début des 90’s, merci à Stevie Ray et tout ces gens qui ont continué de le jouer, comme Albert Collins and Thorogood et tout ces gens, de ce pic qui est survenu à ce moment avec l’intérêt pour Robert Johnson, John Lee Hooker etc… Et Bonnie Raitt est de retour, si vous aimez. Qui aurait pu prédire ça ? Alors ça me rend très optimiste pour les 90’s. Je pense, si ça va de mieux en mieux. Peut être que cela disparaitra à nouveau, mais je ne pense pas. Je pense qu’il va y avoir un bon, et sérieux intérêt dans les années à venir. Ce qui sera génial vous savez ?
Beaucoup de gens sont intéressés par la musique Zydeco et la musique africaine. Et bien sûr toute cette World Music est rafraîchissante pour les oreilles. Parce que les gens en ont marre de cette pop mainstream. Beaucoup d’adolescents vont vous surprendre. Ils disent « Oh nous aimons la vraie batterie, nous aimons les vraies guitares basses ». Ils en ont marre de toute cette musique de jeux vidéo. C’est tout ce que c’était à mes oreilles. Car tout n’est que battement métronomique - ma théorie est que cela est mauvais pour vous. C’est comme un téléscripteur, comme un télétexte. Parce que les battements de cœur et l’esprit ne peuvent pas fonctionner digitalement.
C’est plus comme du reggae.
[Rires] Quelque chose comme ça, ouais. C’est une bonne façon de le voir, ouai. Quelqu’un devrait vérifier ça et vous verrez. C’est comme ces personnes qui ont une théorie sur les échos digitaux. Même si c’est dans le temps, c’est différent. Vous obtenez un enregistrement d’écho qui n’est pas entièrement à la seconde. Je ne sais pas - quelqu’un avait une théorie ridicule, mais je continu d’y croire.
Je crois que le moment approche où la musique sera utilisée plus pour guérir.
Ce qu’elle peut faire. La musique peut guérir. Cela peut apaiser la bête sauvage comme ils disent. Cela doit avoir ce pouvoir. Toutes sortes de pouvoirs. A un moment vous devez soustraire le business de la musique et toutes les choses bonnes et mauvaises qui vont avec, il reste le morceau de musique et le musicien. Et c’est important que cela reste honnête - pas précieux mais organique et vrai.
Qu’est-ce que vous aimez entendre à la fin de vos concert ?
Nos concerts ont tendance à devenir très instable certains soirs - les gens sautent dans tous les sens. Je peux accepter ça, tant qu’ils écoutent le slow blues, l’acoustique et le mélange. J’aime ça être assez haut à la fin. Vous ne pouvez pas choisir, mais je ne veux pas que ce soit un récital où les gens applaudissent poliment. Vous devez créer une atmosphère. Mais à chacun des concerts, j’aime, si je peux, touché deux ou trois différentes bases, en termes de réactions et de performance. Nous essayons de créer une dynamique dans l’ensemble, donc ce n’est pas trop prévisible. « Oh, ça va encore être un tour comme ça ».
Vous changez de setlist soir après soir ?
Oh nous le faisons oui. Nous utilisons rarement une seule setlist - seulement si cela se passe à l’antenne d’un programme TV, où ils doivent avoir les caméras prêtent. Nous n’utilisons jamais une seule setlist. Occasionnellement à un gros festival où votre temps est limité, cela ne peut pas faire de mal d’avoir une liste pour vous guider un peu. Mais neuf fois sur dix, je travail avec ma tête, et nous allons d’albums en albums. Particulièrement sur cette tournée, parce que nous n’avons pas été là depuis longtemps., nous ne jouons pas seulement les nouvelles chansons, nous jouons des anciennes pour rafraichir la mémoire des gens.
Vous avez les mêmes musiciens depuis longtemps.
Ouai. Le bassiste depuis 71 - Gerry McAvoy. Le batteur depuis environ 1980 - c’est Brendan O’Neil. L’harmoniciste depuis environ six ou sept ans, Mark Feltham.
Non pas pour vous rendre conscient de vous-même, mais si quelqu’un venait à rassembler une collection de compacts disques appelés « The Essential Rory gallagher » , quelles chansons pensez vous que l’on pourrait y inclure ?
Je pense que si je devais faire un best of des premiers jours, il y aurait des choses comme « Cradle Rock », « A million miles away », « Tattoo’d Lady »,. Il y a beaucoup de chansons que j’aimerais refaire et remixer. Des choses comme « Race the breeze », j’en était très friands moi-même. J’aimerais le réenregistrer et essayer d’y intégrer un feeling Gospel à la Staples Singer.
Pops Staples est un autre guitariste sous estimé.
En effet ! Particulièrement sur les premiers disques, avec ce tremolo sur la Jazzmaster. Pour enregistrer une guitare comme ça, il y a tellement de place pour qu'elle puisse respirer.
Retour à l’album.
« Loanshark Blues » est une chanson que j’aime beaucoup - c’est une chanson du nouvel album. C’est très dur pour moi. Si nous faisons un coffret ou quelque chose comme ça, plus tard cette année ou si nous ne le faisons pas tôt, l’année prochaine. Ce qui sera le vrai test pour revenir et voir ce qu’il y a ici et ce qui n’est pas sorti. Alors cela va être intéressant.
Quelle est la portée de votre tournée actuelle ?
En Amérique, nous avons commencé sur la côte Ouest. Nous avons travailler autour de San Diego, deux ou trois dates, et nous avons joué au Roxy à L.A. Et ensuite nous jouons dans cette salle, Santa Cruz. Nous avons joué à Oakland la nuit dernière, nous jouons à San Francisco demain soir. Nous jouons à San Jose. Et ensuite nous bougeons jusqu’à Minneanapolis - je ne peux toujours pas prononcer ce nom.
La ville natale de Prince.
Ouais. Nous jouerons « Purple Rain » pour lui. En réalité, il joue sur une bonne guitare, je pense. C’est un guitariste très sous estimé. Et il est intelligent d’avoir cette vieille Hofner copie Telecaster. Elles sont bonnes et personne ne l’a remarqué à part un guitariste de Nashville qui en utilise une. Je pense que c’était le gars qui jouait sur « Drift Away » de Dobie Gray.
Était-ce Reggie Young ?
Je pense que c’était Reggie Young. Ils ont réédités ces copies, mais elles ne sont pas aussi bonnes. Mais je dois garder un œil pour m’en procurer une.
Nous faisons évidemment, New York, Boston, Detroit, Chicago. Nous allons au Canada pour jouer à Toronto. Nous manquons Washington, Dallas et tout le sud mais nous espérons revenir dans deux ou trois mois. Nous avons des engagements en Europe après Pâques, alors nous devons revenir. Idéalement nous devons rester ici pour deux ou trois mois. Étant donné que nous étions en Australie et au Japon avant ça - et c’est un travail assez difficile - nous serons heureux de revenir et de prendre une semaine de repos.
Où habitez-vous ?
Et bien, je vis à Londres en ce moment.
Pensez -vous revenir à Cork ?
Oui j’y pense. A cause du vol en avion, je n’y suis pas allé depuis un moment., mais si c’est fini, j’y retournerai comme si c’était pour un moment. Je reviens chaque troisième week-end ou tous les deux mois. A un moment j’étais pas loin de faire le déplacement, ce qui était super, parce que je tiens à garder ma connexion irlandaise. Londres est une bonne ville pour le travail, mais naturellement c’est pas chez moi, si vous voyez ce que je veux dire ? Mais tous les musiciens vivent là et il y a les studios alors… Mais maintenant depuis que le Rock irlandais a émergé, c’est presque faisable d’enregistrer et de faire des choses à Dublin. Cela devient presque une ville Rock n’ Roll.
Est-ce à cause de U2 ?
Et bien U2 en définitif, ouais, mais c’était en chantier avant eux à cause de Thin Lizzy et Boomtown rets etc… L’industrie du disque prend les musiciens irlandais plus au sérieux, alors que lors des débuts de Van Morrison et quand nous sommes sortis, c’était assez difficile de rentrer dans le moule. Tout le monde pensait que vous étiez les Clancy Brothers ou juste un groupe de bal. Il y avait vraiment très peu de personnes faisant du rythm n’ blues et du Rock en Irlande à ce moment. Alors c’était difficile de rentrer dans le moule, au commencement, mais c’est génial maintenant. Je suis à moitié tenté d’enregistrer le prochain album à Dublin juste pour voir. J’ai joué trois titres sur l’album de Davy Spillane - c’est un joueur de uilleann pipe - et j’ai aimé jouer dans les studios de Dublin. Mais pour un irlandais et à l’exception du Live Irish Tour, je n’ai jamais enregistré en Irlande. Ce doit être le facteur X. Quoique ce puisse être.
Vous êtes restés fidèle à la musique qui vous a inspiré au tout début.
Ouai, je pense que l’on doit reconnaitre les racines que vous avez. Même si vous vous développez en tant que guitariste au fil des années et que vous êtes influencés par différentes choses, vous devez garder dans le cœur ce avec quoi vous avez commencé, cette sorte de vision initiale de la musique, vous savez ?
Evidemment, il m’a fallu ce laps de temps pour apprendre un tas de choses différentes sur la musique et la façon de jouer etc… mais je pense que j’y arrive tout doucement. [Rire]
Vous semblez graviter autour des racines de la musique américaine.
Ouai. Même si j’ai grandit en Irlande, où il y a beaucoup de musique folklorique et traditionnelle qui est à porté de main, ça ne m’a pas intéressé initialement, même si je peux voir des traces s’immiscer à travers les années dans mon songwriting et dans certains motifs rythmique et solos. Mais je n’étais pas vraiment intéressé jusqu’à ce que j’entende la musique américaine via Lonnie Donegan. Vous savez, je l’ai entendu jouer des chansons de Woody Guthrie et Leadbelly. Et bien sûr j’ai entendu Elvis Presley et Eddie Cochrane, les premiers rockers, Chuck Berry. Alors c’était un mélange de blues, de folk et de Rock venu d’Amérique. J’avais seulement six, sept, huit, neuf ans et alors j’ai appris de tout ces artistes. Et je continue de découvrir des gens inconnus et d’apprendre. Mais ça m’a pris dix à quinze ans pour savoir qui est qui dans l’ensemble. Qui étaient les initiateurs, et qui étaient les adeptes ou les copistes.
Y a-t-il des disques que vous recommanderiez à des jeunes guitaristes qui ne connaissent pas Son house et les premiers bluesmen ?
Et bien je pense que chacun cite la connexion évidente avec Robert Johnson. Il semble être le virtuose de cette époque, mais Son House est très important dans la mesure où il a donné des leçons à Robert Johnson, je crois. Il a probablement écrit « Walkin’ Blues » par exemple. Et Muddy Waters a aussi déclaré que Son House était important à l’époque.
Ca dépend. Vous voyez c’est très difficile de dicter à des jeunes qui pourrait écouter Albert King et se voir immédiatement dans cette lignée. Je pense que tous les jeunes joueurs de Rock et de blues doivent approfondir plus loin que les big stars du blues comme BB King et Buddy Guy, qui sont tous géniaux. Je suis vraiment intéressé par le Country Blues et le «Country Blues électrifié » ainsi que je l’appelle - Big Joe Williams et les choses comme ça. J’aime aussi tous les grands joueurs de slide de Earl Hooker en passant par Muddy Waters bien évidemment. Robert Nighthawk est un de mes préférés, et j’ai finalement découvert Tampa Red sur le tard, et c’est un joueur très doux. Comme ce lick qui est connu de Muddy Waters - nous pensons tous qu’il s’agit d’un truc de Muddy Waters, mais il le tient de Tampa Red. Alors cette tradition de la musique Folk de transmettre, emprunter et voler c’est à en devenir fou, vous savez.
Mais dans mon propre style, en étant un européen très influencé par la musique américaine, j’essaie de trouver une manière de sorte que si j’interprète un classique blues, je peux le faire aussi traditionnel que je le souhaite. Je peux aussi y ajouter mon propre élément ou le déformer et en faire une chanson Rock avec un élément blues dedans. J’essaie d’être aventureux et progressif sur certaines choses, pour d’autres j’essaie d’être terre à terre et ethnique autant que possible.
Nous entendons ça dans votre version de « Empire State Express » de Son House.
Ouai. C’était aussi proche de… je l’ai fait en une prise intentionnellement. Je l’ai fait la nuit de la Saint Patrick assez bizarrement, juste l’année dernière. C’était le dernier titre de l’album [Fresh Evidence], et j’aimais la chanson. J’ai perdu l’album que j’avais, alors j’ai du me rappeler. Heureusement j’avais recopié les paroles. Je l’ai fait aussi proche que possible du style de Son House. Pour chanter dans le tempo auquel je chante, j’ai du légèrement ajuster le rythme, mais je pense que c’était une chanson géniale. Je pense que c’était une chanson vraiment négligée. Al Wilson de Canned Heat jouait sur guitare National sur un ou deux titres de cet album particulier.
C’est l’album Death Letter de Son House ?
C’est exact avec « Pearline » et « John The Revelator » c’est une autre chanson géniale.
Et aussi « Ghost Blues » [sur Fresh Evidence] c’est tout à fait traditionnelle dans son approche avec la National. L’humeur aussi sur - comment vous l’appelez ? « Middle Name » - la guitare dessus sonne plus comme un disque de Slim Harpo. Alors il arrive toute sorte de références dans tous les sens. Il y a quelques titres Rock bons. « Kid Gloves », « Slumming Angel » et Walkin’ Wounded ». Le reste est beaucoup plus dans le domaine blues, je pense. « The King of Zydeco » même si c’est sûr Clifton Chenier, c’est presque countrysant plus que Zydeco dans l’ambiance, mais au moment où l’accordéon et les maracas arrivent, c’est… nous avons essayé la Washboard dessus pour voir si ça prendrait - vous savez son frère « rub board » comme ils l’appellent - mais ça ne marchait pas sur cette chanson. Nous avons écartés une chanson appelé « Never Asked You For Nothin’ » qui aurait pu le faire sur l’album, mais c’est une de ces quinzaines de chansons qui peuvent survenir à nouveau. Et nous avons été assez chanceux de trouver ce type, Geraint Watkins qui est un passionné de musique cajun et zydeco et qui joue du boogie woogie et du Rock n’ Roll au piano. Il a beaucoup joué avec Dave Edmunds et il jouait du piano avec les Stray Cats, et il a son propre groupe du nom de Balham Alligator. Balham est un quartier du sud de Londres, alors c’est un peu drôle comme nom, vraiment, c’est un nom grotesque. C’est-ce qu’il est.
Aussi au niveau de la production , j’étais très aigu sur l’album précédent, qui s’appelle Defender qui a beaucoup d’élément blues. Mais c’est plus une production Rock, alors que celui-ci [Fresh Evidence] est une sorte de… non pas harmonieux mais nous n’avons pas exagéré la compression et n’avons pas sur utilisé le cleaning up et le noise gate. Nous l’avons laissé assez équitable et spontané. C’est de cette façon dont sont habillés les morceaux, vous savez ? J’espère que les gens ont retenu ça sur Defender car c’est toujours un album qui est dans l’actuelle setlist, même si nous changeons le répertoire chaque soirs.
En quelle année est sortis Defender ?
C’était il y a deux ans.
Il est sortit en Angleterre ?
Il est sortit en Angleterre et partout en Europe. Il sortira ici dans deux semaines, en fait, donc il sortira simultanément avec le nouvel album. Mais évidemment l’accent est mis sur Fresh Evidence. Defender a quelques chansons Rock, quelques chansons rugueuses comme « Kickback City » et « Road To Hell », mais il y a quelques chansons blues. Comme un des titres que nous avons fait qui s’appelle « Continental Op » qui a été influencé par Dashiell Hammett - c’est un de ses personnages. Même si c’est un boogie rock, c’est plus un rythme à la John Lee Hooker avec des accords suspendu, des choses comme ça. Il y a aussi une chanson appelé « Loanshark Blues » qui là encore est une chanson à la manière de Slim Harpo le genre d’ambiance à la « Shake your hips ». Mais elle a de superbe parole sur les hauts et les bas d’un type endetté au près d’un usurier. Des paroles rapides avec des allitérations. Il y a une chanson qui s’appelle « I Ain’t No Saint » qui est beaucoup dans l’esprit Albert Collins et Albert King.
J’aimerai arriver au point où il y a un style Rory Gallagher plutôt que… mais vous devez vous référez à toutes ces inspirations et références vous savez.
Mais il y a définitivement un style Rory Gallagher. Par exemple il y a un continuum entre des chansons comme « Slumming Angel » et « Livin’ Like A Trucker ».
« Livin’ Like A Trucker » je m’en souvient très bien parce que nous avions le clavinet avec la wah wah. J’étais si puritain alors, je ne voulais pas jouer moi-même de la wah wah. C’est comme quelqu’un qui se moquait de moi l’autre soir. Il n’était pas content d’entendre certains équipement que j’utilisais. Il ne voulait même pas que j’utilise de l’électricité. Certains ont cette image si puriste de vous que vous ne devriez même pas l’utiliser… [Rires]
Il n’ont vraisemblablement jamais entendu Taste à l’île de Wight.
Exact. Ainsi vont les choses. Mais « Livin’ Like A Trucker » j’aime moi-même cette chanson. Tous ces albums sortiront l’année prochaine ou dans deux ans chez IRS en cd avec des livrets contenant les paroles. Et certains seront légèrement remixés et égaliser pour le cd. Avec cette absence derrière moi, ce sera génial de revoir mon vieux matériel ressortir et les gens pourront y jeter un œil et voir si il a tenu le coup ou pas. Je pense qu’il n’est pas trop datée.
Quand vous enregistrez des solos qu’attendez vous de vous-même ? Comment un solo de Rory Gallagher doit être ?
J’essaie de faire la différence entre être assez intelligent et technique, et rester primitif. Parce que je pense qu’il s’agit juste d’un exercice technique, tout cela est très bien. Même si un solo doit pencher vers le primitif, ainsi soit-il. Cela dépend de la chanson, si vous devez jouer de façon très calculé ou si vous overdubbez le solo quelques fois. Vous savez, j’ai toujours pour habitude de faire de solos live, avec des erreurs et tout, juste pour la sensation. Mais maintenant si une chanson a besoin d’un certains type de solo mélodique, je me prépare à le travailler encore et encore. Mais j’essaie de ne pas prendre l’habitude de laisser tomber les [notes percutantes] parce que c’est vraiment tentant d’obtenir le solo parfait. J’ai été coupable de ça, une ou deux fois mais uniquement pour essayer de le sauver si vous êtes sur la bonne voie. Mais comme une règle, j’essaie de garder une emprise sur la technologie, ça ne prend pas en compte le facteur humain et vous devenez trop paresseux pour faire les choses, vous savez.
Est-ce que la technologie a eu un impact sur la manière dont vous faites des disques ? Est-ce différent d’enregistrer le nouvel album que d’enregistrer Blueprint et Tattoo ?
Un petit peu différent, ouais. Bien sûr nous avons le 24 pistes. Deux de ces albums ont été fait sur un 8 pistes. Quand nous sommes passés au 16 pistes c’était comme l’an 2000 ! En fait sur cet album nous avons apporté de l’écho et de la reverb. Nous essayions d’utiliser plus d’équipement vintage. Nous avons utilisé certains equalizer moderne. Je ne suis pas dingue de l’équipement digital, et évidemment si vous devez nettoyez quelque chose vous pouvez utiliser le noise gate - vous savez subtilement. Mais en terme de performance, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de différence, excepté que nous étions un peu plus rigoureux à l’époque pour essayer de l’obtenir. Nous essayions toujours d’enregistrer en une prise. Je réparais quelque chose si je pensais que c’était une bonne performance. Juste à cause d’une réparation nous aurions pu sauver quelques pistes, mais nous étions très désireux de l’obtenir. Même avec la Telecaster sifflante et tout. C’était ridicule ce genre d’attitude mais c’est ainsi que je pensais. Nous n’aurions pas du être si strict envers nous-mêmes mais c’est comme ça que nous étions. J’ai eu la même attitude avec l’écho. J’ai été très conservateur dans ce domaine, ce qui était probablement une erreur. Mais vous apprenez en avançant. Et cela dépend aussi de l’ingé-son avec qui vous travaillez et de la confiance que vous avez en lui et tout le son et l’ambiance. Je continue de penser que l’approche pour enregistrer n’est pas si différente de celle des premiers albums, mais nous sommes probablement un petit peu plus conscient de ce qui est soniquement possible maintenant et ce que nous pouvons faire. Aussi ces premiers albums ont été faits entre trois et six semaines alors que maintenant les albums prennent six mois pour être fait, un peu comme avec cet album, entre les remixes, les reprises.
Avez-vous éviter les superpositions de pistes et joué Live autant que possible ?
Oui en général. J’ai aussi intégré une partie de fortes guitares rythmiques sur des titres comme « Middle Name » et « King Of Zydeco » et « Walkin’ Wounded » . Au lieu de la strat, j’ai cette Gretsch Chet Atkins qui est excellente pour des rythmes avec des cordes lourdes - pas le modèle Eddie Cochrane, celle en forme de Les Paul, la petite orange. C’était génial pour la rythmique. Et j’ai utilisé la Les Paul Junior sur la partie rythmique de « Kid Gloves » et aussi la partie rythmique de « Walkin’ Wounded ». Même si on m’identifie à la strat, et j’aime la strat. Je pense que si vous avez une rythmique strat et une partie lead strat, excepté dans une situation hendrixienne, cela peut être un peu unidimensionnel. Alors c’est agréable d’avoir une guitare alternative pour élargir le son. Même une Telecaster sonne bien en rythmique avec la strat en lead guitar. Cela dépend des titres.
Avez-vous toujours la vieille Stratocaster que vous utilisiez sur les premiers disques ?
Ouai. Nous sommes collés ensemble comme de la glue.
Comme Albert King avec sa Flying V - elle est récemment tombée dans une rivière et il ne s’en sépare plus de nouveau.
J’ai toujours aimé le son hors phase que Albert avait, mais il ne donnerais jamais aucune information sur son accordage ou quoique ce soit. Aussi il était un des rares que je connais qui utilisait des amplis acoustique à transistor, solid state, qui ont un contrôle de distorsion en eux. Steve Winwood avait l’habitude d’en utiliser un quand il était dans Blind Faith. Et je pense que sur l’album de Gary Moore, lorsque Albert King travaillait dessus, il jouait avec un Roland JC-20, qui est un ampli à transistor. Alors bien sûr il se sent comme chez lui avec. Mais alors les micros de la Flying V sont pleins et chauds et ils peuvent s’harmoniser avec le solid state.
Quand Albert a ramené la guitare au type qui l’a construite, Dan Erlewine, il l’a mis dans un sac en jute sans étui, l’a enveloppé avec quelques cordes autour et l’a envoyé par bus Greyhound.
Dieu tout puissant !
Dan a demandé à Albert pourquoi il a fait ça, et Albert lui a répondu que c’était trop bon un étui au risque que quelque chose lui soit arrivé.
[Rires] C’est drôle. C’est bizarre.
C’est Albert.
C’est comme l’histoire de Mike Bloomfield allant pour enregistrer avec Bob Dylan avec la Telecaster sans étui., avec un sac à fermeture. Ces choses insouciantes sont géniales vous savez. Tout le monde se déplace avec des flight case maintenant. Mais nous avons encore quelques domaines à l’abandon en terme d’étui. Mais plus vous voyagez autour du monde et plus vous devez être précautionneux avec vos instruments. Parce que c’est seulement quand ils sont volés ou cassé qu’il vous manquent vraiment.
Avez-vous perdu des instruments ?
On m’a volé ma statocaster à Dublin dans les 60’s et on me l’a rendu après deux semaines parce qu’il y avait un programme TV de la police et ils l’ont passé. J’ai perdu une Telecaster au même moment - quelqu'un à fait irruption dans le van et a volé la Strat et une Telecaster, qui n’était juste qu‘un prêt que l’on m’a fait. On ne me l’a jamais rendu. On m’a rendu la strat, cependant. Elle a été trouvée dans un fossé avec quelques égratignures supplémentaires. Elle a aussi été dehors sous la pluie. Alors j’ai juré de ne jamais la vendre ou de la peindre après ça. J’ai dû emprunter une guitare pour m’aider à traverser cette quinzaine. J’avais bon espoir de la récupérer et je ne pouvais pas me permettre d’acheter une nouvelle strat à ce moment. Je jouais sur une Burns qu’un roadie m’avait tendu. Mais ça devait se passer ainsi. La strat sonne bien. Bien sûr, les mécaniques, les frets, les boutons de volumes ont été changé au fil des années mais c’est toujours la même.
Connaissez-vous l’année où elle a été fabriqué ?
C’est novembre ‘61 et je l’ai eu en août ’63. Alors c’était une seconde main. C’était la première Stratocaster en Irlande apparemment, mais le type qui l’a commandé en voulait une rouge, comme Hank Marvin et il lui ont envoyé une sunburst à la place. Alors il a dû attendre un an et demi ou quelque chose comme ça pour avoir la rouge et ensuite il a vendu celle-ci à la boutique. Alors je l’ai eu. Avant ça j’ai dû emprunter des guitares. J’ai eu une électrique Solid 7, qui était une italienne, une guitare très fragile, ce qui permettait de distordre avec mon ampli Little Giant de 4 watts que j’avais. Je souhaiterai l’avoir maintenant comme ampli Tune-Up. C’était comme un genre d’ampli Pignose. A cette époque vous essayiez d’obtenir le son clair d’Hank Marvin and The Ventures ou quelque chose comme ça. Buddy Holly. Mais quand j’ai eu la strat j’étais paré.
Cela a du être un jour heureux pour vous.
Oh, ça l’était. Je veux dire, pendant des semaines, chaque matin je me réveillais, je regardais la guitare dans son étui, et je la traitais comme un être vivant ou quelque chose de magique. Même l’odeur de l’étui, je marchais complètement sur la tête à l’époque.
Voyagez-vous toujours avec ?
Oh bien sûr, ouai. Je ne la garde pas nécessairement avec moi en avion, mais nous devons en prendre soin. Chanceusement j’ai un modèle de 1957 en bon état. Je la tiens d’un guitariste du nom de Robert Johnson qui était basé à Memphis à l’époque et qui travaillait avec John Entwistle. Et c’est une superbe guitare. Je l’utilise sur les albums quand je n’utilise pas la vieille strat. C’est plus un son fifties.
C’est un son clean à la Buddy Holly, Rockabilly. Elle a un manche érable et c’est bon si vous voulez un son acidulé. Parce que ma vieille strat est une strat classique je suppose. A cause de son âge, la sueur à l’intérieur et plein d’autre chose, la tonalité est beaucoup plus sale, torride qu’une strat standard. Elle se rapproche presque plus du son d’une SG parfois, ou une vraie raw Tele, ce qui me convient.
Mais la ‘57 est superbe. Tout ce que j’ai fait c’est de mettre de grosse frettes - j‘aime les jumbo frets. Et j’ai aussi déconnecté le contrôle du milieu. Ce qui est le bouton de tonalité pour le micro manche. Aussi sur les deux strats j’ai le bouton de tonalité inférieur en tant que bouton de tonalité général. J’aime ça sur les Telecaster, vous pouvez ajuster la tonalité et le micro chevalet. Mais je pense que l’idée que Fender avait était qu’à cette époque vous jouiez le rythme avec le micro manche et ensuite vous passiez sur la position « Peggy Sue ». Dans les premiers jours vous voyez, certains groupes n’avaient pas de basses ou de guitares basses comme vous le savez. La même chose avec les Telecaster - dans la position micro manche ce grand condensateur crée de grosses lignes de basses ronflantes.
En fait, Muddy Waters jusqu’à quelques années avant sa mort a laissé sa guitare dans ce style. Alors il pouvait faire ces grosses lignes de basses ronflantes.
Muddy jouait sur cette Tele à la toute fin aussi loin que je sache.
La Tele rouge. Apparemment le manche était un manche de remplacement. La guitare était initialement blonde, et Fender de Chicago - il devait avoir une branche là- lui a donné un manche avec un dos très épais dessus. Mais Muddy a un feeling génial. Même lorsqu’il ne jouait pas de slide, les formes qu’il jouait - particulièrement avec Jimmy Rogers, et bien sûr, Sam Lawhorn qui vient juste de décédé assez récemment.
Vous avez eu la chance de travaillé sur « The London Muddy Waters Sessions ».
Ouai je l’ai fait. A l’origine Al Kooper devait produire cet album, et c’est lui qui m’a appelé. Ils ont changé de producteur ensuite et le projet était de nouveau sur les rails. Mais évidemment j’étais ravis. C’était durant trois nuits. Chaque nuits je jouais un concert au même moment, ils suspendaient la session jusqu’à minuit, jusqu’à ce que je sois là. Et il était assis là accordant sa guitare, un verre de mousseux à la main. Il me la tendu, faisant ce cadeau à un jeunot de 23 ans. Mais je pense que c’était un travail sérieux, car il y avait la moitié de son groupe. Et ensuite il y a eu Mitch Mitchell à la batterie, Steve Winwood au piano. Alors on a passé du bon temps. Ils ont remixé l’album de retour à Chicago je pense. Ils ont apportés quelques pistes de rechanges provenant de certaines compilations ou de séries best of.
Comment était-ce de travailler avec Albert King sur le LP LIVE ?
La situation est qu’il s’était présenté à Montréal et tout était arrangé pour être enregistré. Son second guitariste l’a laissé tombé le jour même, alors il m’a demandé si je voulais monter sur scène. J’ai dit non parce que son répertoire est assez arrangé - ce n’est pas libre comme Muddy, vous savez ? C’est un type plus intense que Muddy, mais pas aussi sympathique. J’ai horreur de dire ça, mais j’ai été obligé de me poser et de combler aussi bien que je pouvais. Il n’y avait pas de répétitions, rien du tout, vous deviez juste deviner dans quel accord, quelle tonalité il jouait. Chaque fois je lui demandais la tonalité, il disait « Si naturel » et il jouait en mineur. Son accordage est comme Mi mineur 6 ou Mi mineur 7, aussi loin que je me souvienne. Alors je devais être à l’affût. Une vraie expérience ! [Rires] J’ai fini par l’avoir.
Mike Bloomfield a une fois mentionné avoir été dans un combat musical avec Hendrix, et il a sorti le grand jeu. Il a dit quelque chose comme « Tout ce que je pouvais c'était prier Dieu pour être Albert King !».
Ouai. Si Albert veut vous clouer au mûr, il a cette incroyable attaque. Il joue simplement une seule note. J’étais un fan d’Hendrix et de Bloomfield. J’ai rencontré Mike une fois - nous avons fait une émission de télé, Midnight Special, lorsque l’Electric Flag s’est reformé. Et il était très aimable, un type humble et un superbe guitariste. Un guitariste vraiment expressif. Je peux le voir dans cette situation où il ne veux pas entrer dans cette supercherie. Mais c’est un compliment de la part de Mike si Jimi était aussi effrayé, parce que normalement Hendrix était assez préparé pour se relâcher et même jouer la basse lors de ces jams sessions.
Avez-vous rencontré Jimi ?
Je ne l’ai jamais rencontré. Je l’ai vu jouer deux fois mais j’ai vu trois concerts. J’étais au Speakesy Club à Londres une fois, et il était assis quelques tables plus loin, parlant à quelqu’un. Je n’ai pas eu le cran d’aller le voir et de l’ennuyer. Cela m’est arrivé à plusieurs reprises. Et vous le regretter plus tard - je pense, que tout ce que vous avez à faire est de leur serrer la main et de prendre contact. Parce que ces gens passent dans ce monde et vous ne devez pas attendre un bonjour de leur part, vous savez.
Si vous pouviez remontez le temps pour voir des musiciens jouer qui serait en haut de la liste ?
Oh, il y en a énormément. J’aurais aimé voir Django Reinhardt jouer live - je pense que ça devait donner des frissons. Évidemment j’aurais aimé voir Robert Johnson - qui ne le voudrait pas ? J’aurais aimé voir le premier Sonny Boy Williamson. Il y a tellement de gens. J’aurais aimé voir Buddy Holly. Je n’ai jamais vu Son House mais j’ai été assez chanceux dans les 60’s pour voir les gens importants. J’ai vu Muddy Waters, John Lee Hooker, Big Joe Williams. J’ai vu T Bone Walker. Et nous avons été assez chanceux de tourner aux Etats-Unis et de jouer avec Freddie King, nous avons joué avec Juke Boy Bonner. J’aurais aimé voir Blind Boy Fuller, vous voyez, d’ailleurs il était dans la lignée de Blind Blake. Et j’ai vu Reverend Gary Davis. Je suis plutôt chanceux, vraiment. Mais il y a certains pionniers que j’aurais aimé voir.
Blind Boy Fuller est une figure obscure, même aujourd’hui. Comment avez-vous découvert sa musique ?
Avec le disque Blues Classics avec Bull City Red et Sonny Terry dessus.
Avec « Step it up and go » ?
Ouais et « Three Ball Blues ». Oh, il était génial. Et Scrapper Blackwell je l’aimais beaucoup, particulièrement lorsqu’il enregistrait à 71 ans ou quelque chose comme ça. Et il était en grande forme. En fait quand je me replongeais dans les enregistrement originaux avec Leroy Carr, j’étais un peu déçu car il s’était amélioré à mes oreilles en tant que guitariste. Mais alors les premiers enregistrements ont été enregistré de façon médiocre - vous ne pouvez pas très bien entendre la guitare. Le blues revival était une chose surprenante, que Furry Lewis, John Hurt - beaucoup d’entre eux - se soit amélioré au lieu de suivre l’autre voie. C’était fantastique. J’espère que maintenant John Lee Hooker a son gros tube et que Albert King & Albert Collins se portent bien. Et que BB King va entraîner dans son sillage quelques types moins connus comme John Littlejohn et Johnny Shines, Johnny Young. Ce ne sont pas des joueurs classiques mais ils ont tous un super son rugueux, vous savez.
Utilisez-vous des open tunings ?
Ouai. J’utilise l’accordage DADGAD sur « Out on the western plain » la chanson de Leadbelly. C’est un de mes accordages préférés. Il est supposé avoir été découvert par Davy Graham, un guitariste écossais, et ensuite il a été utilisé par Bert Jansch et Martin Carthy, tous de grands guitaristes à leur façon. Je me suis intéressé tardivement au Dropped D, qui consiste à baisser les cordes de Mi grave et Mi aigu. C’est assez sympa. L’Open de La est lié à l’Open de Sol, et je l’utilise beaucoup en utilisant un capodastre.
Quels accordages utilisez-vous sur l’album pour les titres slide ?
Laissez moi voir. L’open de Sol. Même si « Ghost Blues « est en La, la guitare est accordé en open de Sol. La slide sur « Walkin’ Wounded » est en accordage standard. « Empire State Express » est en open de Sol. Je pense que toute les autres parties de slide sont en accordage standard, de la même façon que Earl Hooker pouvait jouer les accords et ensuite passer au solo.
Une fois Muddy a dit que Earl Hooker était le meilleur joueur de slide.
Il avait l’habitude de jouer sur de grosses cordes aussi, particulièrement sur les premiers albums de Junior Wells. Sur la version originale de « Messin’ with the Kid » , il joue avec un énorme son de Stratocaster, il était passé sur Danelectro, et ensuite il est passé sur Gibson.
Sa slide sur une chanson comme « Anna Lee » est juste d’un autre monde.
« Anna Lee » et « Sweet Black Angel » sont comme vous le savez toutes les deux des chansons de Robert Nighthawk. Mais il était le premier type, avec Hendrix dont je pouvais accepter l’utilisation de la wah wah. [Rires]
J’ai du mal avec la wah wah de Earl - parfois il va trop loin.
Ouais, ouais. Et bien, je pense que ce qui a chamboulé beaucoup de monde, c’était l’album d’Howlin’ Wolf où ils avaient mis beaucoup de wah wah. Rappelez-vous celui qui est sorti dans la même période que Electric Mud ? [L’album d’Howlin’ Wolf sur Chess Records]
Celui avec Pete Cosey dessus.
Ouais. Je ne peux pas me rappeler qui d’autre était sur l’album. Les notes de pochettes étaient marrantes. Ils ont même mis sur la couverture « Howlin’ Wolf n’a pas aimé cet album, mais aussi il n’a pas aimé sa guitare électrique… »
Le principal guitariste de Howlin’ Wolf, Hubert Sumlin, était sérieusement sous estimé.
Absolument, ouais. C’est une honte. Est-il en bonne santé ? Va-t-il bien ?
J’ai entendu qu’il allait bien récemment.
Il a fait certains disques que j’ai depuis l’époque d’Howlin’ Wolf. Mais soit la production est mauvaise, ou le matériel n’est pas là ou il manque Wolf ou l’alchimie à disparu.
Au lieu de jouer avec des groupes fournis par des labels, il serait préférable qu’il constitue son propre groupe et répertoire et faire à sa façon.
C’est important. Et bien beaucoup de gens pensent qu’ils connaissent mieux, une fois qu’ils ont cette mentalité de producteur. Je sais que c’est un travail important, mais certaines personnes peuvent être extrêmement antipathique pour ce qui est juste, vous voyez ce que je veux dire ? Mais comme les années passent tout devient de plus en plus serré en terme de budget, pression et tout ces autres facteurs. Hubert est un type qui mérite son heure de gloire, vraiment, parce qu’il joue des choses incroyables, à la fois sur Les Paul et Stratocaster. Vous ne savez jamais quelle guitare il utilise sur les disques - il a un son génial. Et lorsqu’il est arrivé en Angleterre avec cette strat couleur tigrée. J’ai vu une photo de cette dernière sur l’un de ces albums de Kent du Memphis Blues - le genre de Joe Hill Louis. Mais il y a une photo de la guitare et j’ai une vague idée de ce que c’est. C’est une guitare africaine. Quelqu'un m’a dit que c’était une Zanzibar ou quelque chose comme ça. Si vous le voyez demander lui. Surtout avec tout cet intérêt pour les promos de prêteur sur gage. Celle-ci n’a jamais surgi - à moins qu’il l’ai peinte lui-même.
Quand vous jouez de la slide, utilisez-vous un médiator ?
Ouais, médiator et doigts. Aussi je varie la slide. Parfois j’utilise une bouteille de corricidine sur mon annulaire, ou quelque fois sur mon auriculaire. Alors que parfois j’utilise un bottleneck en laiton si je joue sur National. Mais si je joue complètement électrique je joue avec le bottleneck en métal.
Entendez-vous des différences de tons entre ces différents matériaux ?
J’en entend bien sûr, ouais. Le verre est évidemment plus - je ne dirai pas hawaïen - mais plus tendre et doux. Le laiton ou le cuivre est très dur, si vous voulez obtenir une sorte d’attaque à la Son House. C’est presque trop dur tout le temps. L’acier est un bon compromis. Cela dépend de la guitare que vous jouez.
Utilisez-vous une clé à douille comme Muddy ou une slide en métal ?
Une slide en métal. J’ai une clé à douille parce que John Hammond m’a dit qu’il en utilisait une. Et Lowell George avec qui nous avons joué en avait une aussi. Elles sont fantastiques mais vous avez vraiment besoin de cordes épaisses. Je ne sais pas lesquelles j’utilise - une 5/8 ou 7/8 ou quoique ça puisse être. Elles sont fantastiques mais si vous jouez plus que quelques titres, elles tirent votre annulaire vers le bas. Elles sont très lourdes mais elles sont idéales pour la slide. C’est mon principal reproche - non pas que j’aime les slides légères, mais vous ne voulez pas qu’elles vous fatiguent la main.
Réglez-vous une action différente si vous jouez de la slide ou avez-vous une guitare spéciale pour ça ?
J’ai une Gretsch Corvette qui est en Open de Sol ou Open de La, cela dépend de la chanson, et j’y mets des cordes comme 0.13 à 0.50, quelque chose comme ça - médium. Mes cordes habituelles sont quelques choses comme 0.10 à 0.44 et l’action est assez haute. Alors c’est bon pour la slide. Mais pour vraiment jouer de la slide en open tuning il faut des cordes lourdes. Mais je peux me débrouiller avec les deux. J’essaie de toute façon.
Quel est votre ampli favori ?
Bonne question ! C’est une combinaison entre le VOX AC30, qui est mon premier ampli et le 4x10 bassman Fender, aussi j’aime le petit Deluxe Fender qui est très bien. Mais j’ai joué sur le Ampeg VT-44s qui est très bien. Au fil des années j’ai utilisé un combo Marshall 50 watts en conjonction avec un Fender ou un Vox et ils sont très bon pour le volume et le mordant. Mais la chaleur du Fender et le caractère du Vox sont difficile à dompter. Donc il est quelque part la dedans.
Qu’entendons-nous sur le nouvel album ?
Sur les parties rythmiques. C’est une combinaison de Vox et Marshall. Presque toutes les parties lead ont été faites avec un Fender 1955 bassman. Nous avons retiré le dos et installé des micros ainsi que sur le devant, ainsi nous avons toutes sortes de variations. C’était à peu près de cette façon - je veux dire, chaque pistes n’a pas été pensé comme une partie rythmique, mais 80% des pistes étaient comme ça. Vox et Marshall pour la rythmique, gauche et droite, et ensuite le Fender bassman pour les solos.
Vos fans aux États-Unis ont attendu longtemps pour vous voir tourner. Quelle est la cause du retard ?
Je ne sais pas. Nous somme revenu en Europe après la dernière tournée américaine en 85, et nous sommes resté en Europe à enregistrer et à tourner. Nous avons joué en Yougoslavie, Hongrie etc… Et ensuite nous avons essayé de démêler une affaire de droit en Amérique. Je ne savais pas que le temps passait si vite.
Nous avons lu des annonces dans N.M.E (News Musical Express) que vous jouiez là-bas.
Nous étions irrités aussi. Nous étions sur un ensemble de tournées nationale avec ces grands groupes de stade. Nous avons fait ça afin de venir en Amérique, pour payer pour les vols et aussi pour nous donner du temps libre pour jouer dans les clubs et universités. Mais faire ces autres concerts, vous rentrez chez vous insatisfait, parce que vous êtes mal traité dans certains cas avec les contrôleurs et le montant de location des salles, les lumières et le matériel.
Le temps passé sur scène.
Le temps bien sûr.
Le public américain n’est pas toujours aimable avec les premières parties, surtout si c’est un genre différent.
En effet ! Et c’était le problème. Ce n’était pas si mal lorsque nous étions sur la même affiche avec ZZ Top ou quelqu’un de cette lignée. Mais il nous est arrivé d’être sur plusieurs affiches qui était étranger à notre genre. Nous n’étions pas hués ou quoique ce soit, mais vous sentez que vous perdez des semaines de votre vie quand vous pourriez jouer dans des clubs ou des petits théâtres. Je regrette que nous ne soyons pas revenu entre temps, mais ça nous à donner la chance de réévaluer ce que nous faisons et nous étions très occupé en Europe. Et puis j’ai développé un problème avec le vol en avion, qui a fait empirer les choses.
La peur de voler ?
Ouais. J’ai eu quelques mauvais vols et j’ai le Buddy Holly complexe. C’est devenu si mauvais, que je ne peux même pas aller en Irlande, qui n’est seulement qu’à une heure [de Londres]. Alors pour jouer sur le continent, je dois voler le soir d’avant pour que je sois ok pour la date. Ce n’est pas vraiment une peur de mourir, mais un mixe entre la claustrophobie et plein d’autres choses.
C’est un miracle - j’ai volé de Londres à Tokyo, du Japon à l’Australie, de l’Australie à Los Angeles, de Los Angeles à San Francisco etc… Nous serions obligé de faire notre signe de croix et de retourner à Londres. Jusqu’ici tout va bien. Mes prières ont été entendus, alors. Vaincre cette peur de voler a été toute une épreuve pour moi, je peux vous le dire, parce que c’est la dernière chose dont j’avais besoin après toutes ces années à tourner et à voler deux fois par jour. Alors ça a aggravé mon problème de ne pas être capable de revenir aux États-Unis.
Avez-vous des conseils pour garder votre santé mentale ou de rester concentré sur la tournée ? C’est une vie si inhabituelle.
En effet ça l’est. Il y a aussi un terrible danger - entre le voyage et les autres choses et aller au concert etc… vous avez un petit peu de temps pour jouer pour vous même à l’hôtel, et vous pouvez avoir la flemme de jouer. Alors je consacre un moment chaque jour à l’hôtel pour jouer et j’apporte un lecteur de cassette et j’enregistre ce que je fais. Et j’écris des chansons, juste un sous-produit de ça. Mais pour garder votre santé mentale, je ne sais pas. Cela vous prend environ vingt ans pour savoir. Vous savez ce que tout les débutants sont au départ, mais il faut énormément de temps pour user les nerfs d’un musicien. C’est juste votre attitude, vraiment, en terme de voyages, vols, pour les hôtels, pour se souvenir qui vous êtes, et essayer de garder cet esprit d’équipe tous les soirs et essayer de faire un bon concert. Je pense que tous les musiciens doivent passer par ça. Vous devez juste développer un sens de l’humour et la patience et simplement rester cool. Vous savez le vieux cliché de faire son concert et de ne pas s’inquiéter du prochain mardi ou de la fin de la tournée. C’est un classique mais c’est vrai.
Si les gens qui vous connaissent par vos disques, entendent ce que vous jouer dans votre chambre d’hôtel, seront-ils surpris ?
[Rires]
Êtes-vous secrètement un joueur de country ou bluegrass ou un joueur de flamenco ?
Flamenco, définitivement. Non je joue quelques licks country. Je suis assez enthousiasmé par le jeu de Roy Nichols, qui joue habituellement sur les albums de Merle Hagard et certains guitaristes qui ont joué avec Waylon Jennings et Johnny Paycheck. Je n’aime pas cette country commerciale. Je ne peux pas vraiment jouer de Flamenco aussi bien - je peux faire semblant mais juste pour mes propres oreilles. Je fais quelques petites trucs de Jazz et Ragtime - n’importe quoi qui puisse détendre. Aussi c’est bon pour la santé mentale, de ne pas nécessairement jouer ce que vous faites sur scène. Et aussi même si vous écouter des cassettes dans votre chambre. Je joue beaucoup de Folk, comme Martin Carthy et un peu de musique irlandaise et un peu de Django. Particulièrement si vous faites une longues tournées, c’est assez difficile d’écouter des genres de musiques similaires dans votre chambre. Alors c’est bon de jouer quelques choses d’un peu différent. Et la country et le Folk est un bon écart. Cela ne veut pas dire que je ne joue pas de blues dans ma chambre d’hôtel - j’en joue. Cela dépend de la phase par laquelle vous passer et de l’année et de l’humeur dans laquelle vous êtes, ce genre de choses.
Je suis continuellement surpris de voir à quel point le blues est un langage universel. Combien il parle au-delà des frontières à des gens si divergent.
Particulièrement depuis ce récent intérêt. J’étais découragé à la fin des 70’s et jusqu’à la moitié des 80’s. Je pensais que nous allions droit vers l’âge de la technologie et c’était la fin de ça. Batteries électronique, techno pop. Alors il y a cet intérêt pour le blues maintenant au début des 90’s, merci à Stevie Ray et tout ces gens qui ont continué de le jouer, comme Albert Collins and Thorogood et tout ces gens, de ce pic qui est survenu à ce moment avec l’intérêt pour Robert Johnson, John Lee Hooker etc… Et Bonnie Raitt est de retour, si vous aimez. Qui aurait pu prédire ça ? Alors ça me rend très optimiste pour les 90’s. Je pense, si ça va de mieux en mieux. Peut être que cela disparaitra à nouveau, mais je ne pense pas. Je pense qu’il va y avoir un bon, et sérieux intérêt dans les années à venir. Ce qui sera génial vous savez ?
Beaucoup de gens sont intéressés par la musique Zydeco et la musique africaine. Et bien sûr toute cette World Music est rafraîchissante pour les oreilles. Parce que les gens en ont marre de cette pop mainstream. Beaucoup d’adolescents vont vous surprendre. Ils disent « Oh nous aimons la vraie batterie, nous aimons les vraies guitares basses ». Ils en ont marre de toute cette musique de jeux vidéo. C’est tout ce que c’était à mes oreilles. Car tout n’est que battement métronomique - ma théorie est que cela est mauvais pour vous. C’est comme un téléscripteur, comme un télétexte. Parce que les battements de cœur et l’esprit ne peuvent pas fonctionner digitalement.
C’est plus comme du reggae.
[Rires] Quelque chose comme ça, ouais. C’est une bonne façon de le voir, ouai. Quelqu’un devrait vérifier ça et vous verrez. C’est comme ces personnes qui ont une théorie sur les échos digitaux. Même si c’est dans le temps, c’est différent. Vous obtenez un enregistrement d’écho qui n’est pas entièrement à la seconde. Je ne sais pas - quelqu’un avait une théorie ridicule, mais je continu d’y croire.
Je crois que le moment approche où la musique sera utilisée plus pour guérir.
Ce qu’elle peut faire. La musique peut guérir. Cela peut apaiser la bête sauvage comme ils disent. Cela doit avoir ce pouvoir. Toutes sortes de pouvoirs. A un moment vous devez soustraire le business de la musique et toutes les choses bonnes et mauvaises qui vont avec, il reste le morceau de musique et le musicien. Et c’est important que cela reste honnête - pas précieux mais organique et vrai.
Qu’est-ce que vous aimez entendre à la fin de vos concert ?
Nos concerts ont tendance à devenir très instable certains soirs - les gens sautent dans tous les sens. Je peux accepter ça, tant qu’ils écoutent le slow blues, l’acoustique et le mélange. J’aime ça être assez haut à la fin. Vous ne pouvez pas choisir, mais je ne veux pas que ce soit un récital où les gens applaudissent poliment. Vous devez créer une atmosphère. Mais à chacun des concerts, j’aime, si je peux, touché deux ou trois différentes bases, en termes de réactions et de performance. Nous essayons de créer une dynamique dans l’ensemble, donc ce n’est pas trop prévisible. « Oh, ça va encore être un tour comme ça ».
Vous changez de setlist soir après soir ?
Oh nous le faisons oui. Nous utilisons rarement une seule setlist - seulement si cela se passe à l’antenne d’un programme TV, où ils doivent avoir les caméras prêtent. Nous n’utilisons jamais une seule setlist. Occasionnellement à un gros festival où votre temps est limité, cela ne peut pas faire de mal d’avoir une liste pour vous guider un peu. Mais neuf fois sur dix, je travail avec ma tête, et nous allons d’albums en albums. Particulièrement sur cette tournée, parce que nous n’avons pas été là depuis longtemps., nous ne jouons pas seulement les nouvelles chansons, nous jouons des anciennes pour rafraichir la mémoire des gens.
Vous avez les mêmes musiciens depuis longtemps.
Ouai. Le bassiste depuis 71 - Gerry McAvoy. Le batteur depuis environ 1980 - c’est Brendan O’Neil. L’harmoniciste depuis environ six ou sept ans, Mark Feltham.
Non pas pour vous rendre conscient de vous-même, mais si quelqu’un venait à rassembler une collection de compacts disques appelés « The Essential Rory gallagher » , quelles chansons pensez vous que l’on pourrait y inclure ?
Je pense que si je devais faire un best of des premiers jours, il y aurait des choses comme « Cradle Rock », « A million miles away », « Tattoo’d Lady »,. Il y a beaucoup de chansons que j’aimerais refaire et remixer. Des choses comme « Race the breeze », j’en était très friands moi-même. J’aimerais le réenregistrer et essayer d’y intégrer un feeling Gospel à la Staples Singer.
Pops Staples est un autre guitariste sous estimé.
En effet ! Particulièrement sur les premiers disques, avec ce tremolo sur la Jazzmaster. Pour enregistrer une guitare comme ça, il y a tellement de place pour qu'elle puisse respirer.
Retour à l’album.
« Loanshark Blues » est une chanson que j’aime beaucoup - c’est une chanson du nouvel album. C’est très dur pour moi. Si nous faisons un coffret ou quelque chose comme ça, plus tard cette année ou si nous ne le faisons pas tôt, l’année prochaine. Ce qui sera le vrai test pour revenir et voir ce qu’il y a ici et ce qui n’est pas sorti. Alors cela va être intéressant.
Quelle est la portée de votre tournée actuelle ?
En Amérique, nous avons commencé sur la côte Ouest. Nous avons travailler autour de San Diego, deux ou trois dates, et nous avons joué au Roxy à L.A. Et ensuite nous jouons dans cette salle, Santa Cruz. Nous avons joué à Oakland la nuit dernière, nous jouons à San Francisco demain soir. Nous jouons à San Jose. Et ensuite nous bougeons jusqu’à Minneanapolis - je ne peux toujours pas prononcer ce nom.
La ville natale de Prince.
Ouais. Nous jouerons « Purple Rain » pour lui. En réalité, il joue sur une bonne guitare, je pense. C’est un guitariste très sous estimé. Et il est intelligent d’avoir cette vieille Hofner copie Telecaster. Elles sont bonnes et personne ne l’a remarqué à part un guitariste de Nashville qui en utilise une. Je pense que c’était le gars qui jouait sur « Drift Away » de Dobie Gray.
Était-ce Reggie Young ?
Je pense que c’était Reggie Young. Ils ont réédités ces copies, mais elles ne sont pas aussi bonnes. Mais je dois garder un œil pour m’en procurer une.
Nous faisons évidemment, New York, Boston, Detroit, Chicago. Nous allons au Canada pour jouer à Toronto. Nous manquons Washington, Dallas et tout le sud mais nous espérons revenir dans deux ou trois mois. Nous avons des engagements en Europe après Pâques, alors nous devons revenir. Idéalement nous devons rester ici pour deux ou trois mois. Étant donné que nous étions en Australie et au Japon avant ça - et c’est un travail assez difficile - nous serons heureux de revenir et de prendre une semaine de repos.
Où habitez-vous ?
Et bien, je vis à Londres en ce moment.
Pensez -vous revenir à Cork ?
Oui j’y pense. A cause du vol en avion, je n’y suis pas allé depuis un moment., mais si c’est fini, j’y retournerai comme si c’était pour un moment. Je reviens chaque troisième week-end ou tous les deux mois. A un moment j’étais pas loin de faire le déplacement, ce qui était super, parce que je tiens à garder ma connexion irlandaise. Londres est une bonne ville pour le travail, mais naturellement c’est pas chez moi, si vous voyez ce que je veux dire ? Mais tous les musiciens vivent là et il y a les studios alors… Mais maintenant depuis que le Rock irlandais a émergé, c’est presque faisable d’enregistrer et de faire des choses à Dublin. Cela devient presque une ville Rock n’ Roll.
Est-ce à cause de U2 ?
Et bien U2 en définitif, ouais, mais c’était en chantier avant eux à cause de Thin Lizzy et Boomtown rets etc… L’industrie du disque prend les musiciens irlandais plus au sérieux, alors que lors des débuts de Van Morrison et quand nous sommes sortis, c’était assez difficile de rentrer dans le moule. Tout le monde pensait que vous étiez les Clancy Brothers ou juste un groupe de bal. Il y avait vraiment très peu de personnes faisant du rythm n’ blues et du Rock en Irlande à ce moment. Alors c’était difficile de rentrer dans le moule, au commencement, mais c’est génial maintenant. Je suis à moitié tenté d’enregistrer le prochain album à Dublin juste pour voir. J’ai joué trois titres sur l’album de Davy Spillane - c’est un joueur de uilleann pipe - et j’ai aimé jouer dans les studios de Dublin. Mais pour un irlandais et à l’exception du Live Irish Tour, je n’ai jamais enregistré en Irlande. Ce doit être le facteur X. Quoique ce puisse être.
Dernière édition par Garby le Ven 11 Juil 2014, 20:05, édité 25 fois
Re: Les interviews de Rory
L'interview originale: http://jasobrecht.com/rory-gallagher-the-1991-interview/
Si vous voyez des erreurs contre sens, faites moi signe et je corrigerai en conséquence.
Si vous voyez des erreurs contre sens, faites moi signe et je corrigerai en conséquence.
Re: Les interviews de Rory
Pas eu le temps de lire ta trad, mais d'ores et déjà, je te dis grand merci Garbage, on va bientôt t'appeler Pierrot le Fou!
Re: Les interviews de Rory
Moi je l'ai lue en entier ce matin dans mon lit, et je n'ai qu'une chose à dire: Bravo le Garb!
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"On est un groupe de rock, Et on joue du rock, c'est tout ce qu'on fait. On debarque dans votre ville, on vous nique la tête avec notre rock et on dégage." Lemmy Kilmister
Emi- Messages : 4358
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Re: Les interviews de Rory
C'est dans ton lit que tu fais la grève?Emi a écrit:Moi je l'ai lue en entier ce matin dans mon lit, et je n'ai qu'une chose à dire: Bravo le Garb!
Re: Les interviews de Rory
Mieux, je suis en arrêt maladie car je suis malade comme un chien donc j'ai du mal à quitter mon lit! Mais de toute façon l'appel à la grève par deux syndicats mineurs ne concernait que les PNC (Personnel Navigant Commercial).
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Emi- Messages : 4358
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Age : 46
Re: Les interviews de Rory
Emi a écrit:Mieux, je suis en arrêt maladie car je suis malade comme un chien donc j'ai du mal à quitter mon lit! Mais de toute façon l'appel à la grève par deux syndicats mineurs ne concernait que les PNC (Personnel Navigant Commercial).
Re: Les interviews de Rory
Pour le "repose toi bien" et pour le gif!
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Emi- Messages : 4358
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Re: Les interviews de Rory
Garbage Man a écrit:Mon beau topic !
Tom Ledbetter- Messages : 119
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Re: Les interviews de Rory
Une interview passionnante de Rory de 1987 qui vient de faire surface grâce aux recherches de l'ami Milo (membre -discret!- du forum!)
http://shadowplays.com/blog/?p=2147
Bonne lecture!
http://shadowplays.com/blog/?p=2147
Bonne lecture!
Re: Les interviews de Rory
J'espère que vous appréciez l'entrevue
milo1955- Messages : 15
Date d'inscription : 23/06/2010
Re: Les interviews de Rory
Hi Milo, and happy new year!milo1955 a écrit:J'espère que vous appréciez l'entrevue
Yes, it's a great interview, very interesting. and your blog is fantastic, worth reading for all the Rory's fans. Your reasearchs are excellent, I appreciated the Mazer's interview for example.
And thanks to be a member of this french forum, we try to make researchs as well, in particular concerning rare photos and recordings.
Take care,
Chino
Re: Les interviews de Rory
Happy New Year to you too, Chino! And all members of this fine forum. Despite the language difficulties, I do try to stop by every now and then. Thank you again for letting me use some of the pictures on your site. By the way, has anyone every truly identified who put up the “Impasse Rory Gallagher” sign and confirmed the story behind it?
Best Wishes in the New Year,
Milo
Best Wishes in the New Year,
Milo
milo1955- Messages : 15
Date d'inscription : 23/06/2010
Re: Les interviews de Rory
Hi Milo, thanks for your kind words. Feel free to post even in english language, no problem, we'll do our best to reply!milo1955 a écrit:Happy New Year to you too, Chino! And all members of this fine forum. Despite the language difficulties, I do try to stop by every now and then. Thank you again for letting me use some of the pictures on your site. By the way, has anyone every truly identified who put up the “Impasse Rory Gallagher” sign and confirmed the story behind it?
Best Wishes in the New Year,
Milo
Concerning the "Impasse Rory Gallagher": a french musician named "Boro", from North of France and who lives now in Vaucluse (south of France) met Rory several times. And when Rory died, Boro decided to put up the sign "Ipasse Rory Gallagher" in his mlittle street "Impasse Rory Gallagher" and the town council has finally accepted this little street was renamed:
Re: Les interviews de Rory
J'ai pris l'initiative de déplacer ce sujet dans la nouvelle section que tu viens de créer.
Re: Les interviews de Rory
Garbage Man a écrit:Traduction d'un article de Steve Morse pour le magazine Boston's Globe à l'issue du concert dans la ville de Boston, le 29 mars 1991. L'article revient en partie sur l'album Fresh Evidence:Rory Gallagher: difficile à oublier
Le bluesrocker irlandais Rory Gallagher n'avait pas visité ces côtes depuis 5 ans - une éternité pour l'américain moyen.
Son nom ne sonne pas comme une évidence mais il a eu une carrière légendaire. Son groupe Taste à ouvert pour la tournée américaine de Blind Faith (le groupe de Eric Clapton & Steve Winwood) en 1969. Il a aussi tourné avec John Mayal et Cream, et a en plus fait les "London Sessions" avec Muddy Waters et d'autres sessions avec Jerry Lee Lewis, Albert King et les Rolling Stones.
"J'ai énormément travaillé en Europe et enregistré un peu partout. Mais il est temps de revenir et de se relancer à nouveau en Amérique." raconte Gallagher, qui est en tête d'affiche du Paradise ce soir. "J'étais malade l'année dernière avec une infection virale, et j'ai même entendu une rumeur qui disait que j'étais mort." il ajoute. "C'est amusant combien les gens peuvent vite vous oublier."
Mais les fans sont sortis de leur retraite pour voir le retour tant attendu de Gallagher. Un des fans était Slash, le guitariste de Guns n' Roses qui est monté sur scène au récent concert de Gallagher de Los Angeles et a jammé sur Nadine de Chuck Berry. "J'ai aimé Slash. C'est un mec sympa qui peut vraiment jouer," raconte Gallagher, "Nous avons bien déliré."
A 42 ans, Gallagher qui a tourné sous son nom pendant des années, a enregistrés 14 albums de blues électrique, ciselé avec un peu de slide guitar et un peu de country blues, spécialement sur son nouvel album, "Fresh Evidence" sur le label IRS. "J'ai essayer de faire un album de blues roots," il raconte. "Je voulais toucher à des styles qui remontent au 50's, avant les superstar du Blues, Albert King et BB King. Beaucoup de country blues électrifié de cette période précoce, par Son House et Tampa Red a été oublier. C'est très rythmique et très brut. Et c'est vers quoi je tends sur des chansons comme Ghost Blues et Heaven's Gate, une forme de blues tourmentée dans la tradition du Hellhound On My Trail de Robert Johnson."
L'album Fresh Evidence aussi sonne roots, parce que Gallagher a insisté pour utilisé des vieilles techniques studio. "J'ai utilisé de vieilles formes d'échos et de vieux tubes compresseurs. Beaucoup de nouveau enregistrement sonores font sonner les choses synthétique et métallique. J'aime un beau grondement de basse, l'ouverture sur la guitare et la batterie qui respire."
L'album est typique du refus de Gallagher de vendre. "Je n'ai jamais commercialisées ma musique. J'ai vu comment cela à ruiné tant de gens qui pensent que deux minutes de chansonnettes est la solution."
Une chose est sûre: le Paradise grondera ce soir: Gallagher sur multiplie les coups . "Jouer Live est mon élément naturel. C'est tellement difficile d'être relax en studio, parce qu'il y a trop de choix possible. Ce n'est pas aussi excitant."
Source: http://www.roryon.com/globe366.html
Re: Les interviews de Rory
Comme je vous l'avait promis, j'ai traduit l'interview de Spencer Leigh qui figure sur l'excellent blog de l'ami Milo. Bonne lecture:
Spencer Leigh: Rory, vous êtes managé par votre frère Donal. Est-ce un grand avantage parce qu'il y a tellement d'escroc dans ce milieu et vous savez que votre frère ne vas pas vous arnaquer ?
Rory Gallagher: Oui, c'est vraiment plus pratique d'être managé par mon frère comme ça n'implique pas un gros business. Bien sûr il a travaillé avec mois pendant des années, nous devons faire preuve de professionnalisme. Je suis passé à la moulinette avec certaines personnes au début alors c'est très réconfortant.
Spencer Leigh: Je présume que vous avez écouté beaucoup de musique folklorique irlandaise en grandissant.
Rory Gallagher: Un de mes parents jouait de la musique traditionnelle irlandaise et à la maison j'écoutais De Dannan (1), the Chieftains et Ronnie Drew & The Dubliners. Ça m'a affecté au niveau de mes accords et certaines idées de chansons mais en général je travaille à partir d'une racine blues et je développe. Vous ne pouvez pas garder une forte tradition comme la musique irlandaise sur ce que vous faites.
Spencer Leigh: Avez vous grandi avec le Rock n' Roll comme un gosse de 12 ans qui ne dit pas "J'aime le blues" ?
Rory Gallagher: Dans mon cas, j'ai d'abord découvert que Lonnie Donegan jouait des chansons de Woodie Guthrie et Leadbelly, je voulais découvrir les originaux de "Rock Island Line" et "Bring A Little Water, Sylvie". Ce n'est pas si éloigné alors pour aller jusqu'à Big Bill Broonzy. Puis en grandissant dans les 60's, j'écoutais Jimmy Reed et Chuck Berry et j'ai découvert Muddy Waters. Je n'ai pas grandi avec des disques de blues autour de moi. Je devais sortir et découvrir par moi même et lire à leur sujet. J'ai écouté du Rock n' Roll, de la Folk, du blues et j'ai distillé le tout, mais les années passant je me sens plus engagé vers le blues même à travers mes propres compositions, ça confine au Hard Rock et vers d'autres choses. L'âme de ma musique est le blues.
Spencer Leigh: Beaucoup de personnes pensent que le blues est répétitif.
Rory Gallagher: Et bien le blues est répétitif et ça fait parti de son charme. Jimi Hendrix était fondamentalement un joueur de blues et récemment vous avez Robert Cray, The Fabulous Thunderbirds et Stevie Ray Vaughan. Le Rock n' Roll est répétitif aussi et le Rock n' Roll est seulement une version excitée du blues. Si vous aimez le Rock n' Roll vous devez aimer le blues, mais certaine personne trouve le country blues trop rudimentaire et trop ethnique pour eux. Le Chicago blues c'est du blues électrique comme Howlin' Wolf, Muddy Waters et Elmore James. Ces gars branchaient leurs guitares alors que les musiciens de country blues étaient des joueurs acoustique primitifs. Comme ils sont venus à Détroit et Chicago et les autres grosses villes, ils sont devenus des musiciens folk des villes et ils avaient besoin d'amplis pour être entendu dans les bars et c'est devenu autre chose. Blind Boy Fuller, Blind Blake et Scrapper Blackwell jouait du country blues. Certaines personnes comme Big Joe Williams et Bukka White ont comblé le fossé.
Spencer Leigh: Qu'en est-il d'un gars blanc comme The Singing Brakeman: Jimmie Rogers ?
Rory Gallagher: Et bien c'était un chanteur de country et un joueur fin, un guitariste rythmique, et ce yodel est un truc country, mais il a beaucoup travaillé avec des artistes blues et ça l'a influencé. Il y a un autre Jimmy Rogers qui jouait la seconde guitare pour Muddy Waters. C'est un grand chanteur aussi et il a fait un grand album (2). Si Muddy finissait une session plus tôt, il laissait Jimmy enregistrer quelques chansons.
Spencer Leigh: Quand les Beatles sont apparus dans les 60's, étaient-ils trop commercial pour vous ?
Rory Gallagher: Non pas du tout. J'allais toujours à l'école en 1963 et je pensais qu'ils étaient géniaux quand ils sont sortis. Ils ont ramené beaucoup de gens qui étaient passés de mode. Ils ont ravivé l'intérêt pour Carl Perkins et Buddy Holly. Entre eux et les Stones, ils ont ravivé l'intérêt pour Chuck Berry. Les Beatles sont devenus plus commercial en grandissant mais ils n'ont jamais fait de mauvais disques. Je n'écoute pas la musique comme un bibliothécaire qui n'écouterait pas quelque chose qui sort de certaines catégories (3). Je peux écouter de bonnes chansons Pop, de la musique Grecque, de la musique des Balkans. J'ai l'esprit ouvert à toute les musiques.
Spencer Leigh: En tant que guitariste, comme évaluez-vous le jeu de George Harrison en tant que guitariste soliste ?
Rory Gallagher: C'est un guitariste peu commun. Avant toute chose, c'est un joueur de slide très sous estimé, un joueur très précis. Il est très bon dans la veine Carl Perkins. Beaucoup de cordes tirées, les soit disant effets fuzz moderne venaient habituellement de Paul McCcartney et John Lennon était un joueur rythmique très puissant. George était un joueur élégant et il n'a jamais ruiné une chanson. Il s'est toujours impliqué dedans et ça n'a jamais été un prétexte pour jouer au virtuose pour lui. Il avait des phrasés inhabituels mais il ne s'accordait pas bien sur le terrain des Eric Clapton/Jeff Beck. Il peut jouer du Rock n' Roll primitif et du Rockabilly.
Le grand guitariste de cette ville était Brian Griffiths de The Big Three: c'était un joueur extrêmement dangereux et bon. The Big Three a fait une version géniale de "Reelin' & Rockin" sur cet EP, The Big Three at the Cavern (4). Ils ont aussi fait une chanson originale qui est très bonne qui s'appelle "Don't Start Runnin' Away". Il y a un solo génial dessus et John Hutchinson et Johnny Gustafson étaient des chanteurs géniaux aussi.
Spencer Leigh: Avez-vous formé Taste comme un trio parce que vous avez vu ce que des groupes comme The Big Three faisaient ?
Rory Gallagher: Et bien ce n'était pas quelque chose de conscient. Johnny & the Pirates était un quartette mais il y avait seulement trois instruments - guitare, basse et batterie - et le guitariste Mick Green était vraiment énorme à cette époque. Mick était un fantastique guitariste est l'est toujours. Ouais peut être que nous essayions de capturer ce son rugueux et sévère que The Big Three avait, et Cream et le Jimi Hendrix Experience étaient aussi des trios. Nous n'avons copié aucun d'eux mais nous les admirions tous.
Spencer Leigh: Aviez vous aimé la façon dont Jimi Hendrix a amené la distorsion dans la guitare ?
Rory Gallagher: Avant Jimi Hendrix, Jeff Beck jouait avec la distorsion et aussi Keith Richards, et il y avait de la distorsion sur les disques de blues du début des 50's. Ils ne l'utilisaient pas comme une technique mais ils avaient de petits amplis qu'ils poussaient à fond et c'est devenu partie intégrante du son du Chicago Blues. D'une certaines manière Hendrix l'a façonné et en a fait une forme d'Art. Il était fantastique mais ce n'était pas le premier gars à utiliser la distorsion.
Spencer Leigh: Étiez-vous à l'île de Wight la même année qu'Hendrix ?
Rory Gallagher: Oui, mais nous étions à l'île de Wight seulement pour une journée et nous avons manqués beaucoup de concerts. Le line up pour ces festivals étaient outrageusement bons et fantastiques. Quand vous fonciez à un concert vous deviez être organisé et accordé, vous n'avez pas le temps d'analyser ce qu'il se passe, mais je me souviens d'une mer de visages qui semblait durer éternellement.
Nous avons du revenir en ferry et ensuite nous sommes allés droit sur le continent pour faire une tournée européenne, qui était la dernière tournée de Taste. Nous étions en Suède et un journaliste m'a appelé et m'a demandé que je commente la mort de Jimi Hendrix et je n'étais pas au courant à ce moment là. Quelques semaines plus tôt il avait joué au festival l'île de Wight. Je crois qu'il a fait une date au Danemark avant qu'il ne meurt.
Spencer Leigh: J'aime l'album "Against the Grain", et vous avez repris une vielle chanson Soul dessus "I Take What I Want".
Rory Gallagher: Un ou deux groupes l'ont repris dans les 60's. Je me rappel avoir entendu une version de James & Bobby Purify. Elle a été aussi reprise par un groupe de Londres, The Artwoods et nous l'avons simplement reprise parce que nous l'aimions.
Spencer Leigh: Et une chanson sur Defender est "Don't Start Me To Talkin'" qui est je me souviens de Sonny Boy Williamson.
Rory Gallagher: Je n'ai jamais vu Sonny Boy Williamson, même lorsqu'il est venu en Angleterre. Je suis dingue de cette chanson. Il était soutenu par le groupe de Muddy Waters et Muddy joue de la guitare dessus. Il n'y a pas de basse sur cet enregistrement ce qui est inhabituel.
Chaque fois que nous faisons un album, nous enregistrons quelques standards - des trucs blues et Rock n' Roll - et c'est une manière de se relaxer et d'être en bonne humeur pour l'album. Je ne suis pas sous pression en tant que compositeur quand je les écrit et je sens que je peux me relaxer et donner une représentation décente.
Spencer Leigh: Une de vos compositions sur l'album est "Loanshark Blues" qui est une chanson formidable.
Rory Gallagher: "Loanshark Blues" est ma chanson préféré de l'album curieusement, et j'ai rarement une chanson favorite sur mes albums. J'ai été influencé par "Sur les quais" (Elia Kazan). C'est une chanson sur un homme honnête. Il ne veut pas avoir affaire avec la pègre et il a des dettes au près d'un usurier et cela va au delà de ce qu'il peut rembourser. Alors il demande pour une offre qu'il ne peut pas refuser. En d'autres termes, il va commettre un crime pour eux pour s'acquitter de sa dette.
Spencer Leigh: Quand tu écris une chanson, les paroles sont-elles aussi importantes que la musique ?
Rory Gallagher: Même si la chanson semble accidentelle quand vous l'écoutez, j'ai du travailler très dur et sérieusement les paroles, alors elles sont importantes pour moi. Elles ne sont pas là pour combler les passages où il n' y a pas de guitares. Plus vous écrivez plus vous obtenez des choses sérieuses les paroles et la teneur. Certaines paroles sur l'album Defender sont vraiment bonnes. Sur les anciens "Philby" est une chanson bien écrite et aussi "Tattoo'd Lady" et "Calling Card".
Heureusement je n'ai jamais écrit d'imbécilités et il y a des chansons fortes sur chaque albums. Vous devez écrire de la musique vraiment excitante et les paroles doivent se lier à la musique. Ces longues chansons verbales dans le moule chanteur/compositeur sont trop ennuyeuses pour moi.
Spencer Leigh: Qu'est-ce qui vous a fait écrire au sujet de Philby ?
Rory Gallagher: Un jour je me suis senti harcelé car beaucoup de choses se passaient et je me sentais comme Philby avant qu'il ne passe la frontière albanaise. J'ai lu un livre sur lui et même si je ne suis pas trop favorable à son engagement, c'est un personnage fascinant. La chanson n'est pas strictement sur lui, mais j'ai essayer d'apporter certaines zones d'ombres qu'il y avait dans sa vie dans cette chanson. Quand tu es longtemps sur la route, vivant dans des hôtels c'est un peu comme vivre une vie d'espion.
Spencer Leigh: Et à propos de Shadow Play ?
Rory Gallagher: J'étais au lit avec la grippe, je m'ennuyais ferme et j'avais une guitare 12 cordes près de mon lit. J'étais complètement immergé dedans alors le riff de "Shadow Play" est sorti. J'ai essayé d'écrire une chanson d'un "autre monde". C'est comme si je quittais mon corps à 4 heures du matin. C'était basé sur de la fantaisie et il y a une touche de cauchemar dedans.
Spencer Leigh: Vous ne vous habillez pas pour la scène aussi vous êtes connu pour vos chemises à carreaux et vos jeans. Est-ce un geste délibéré de votre part ?
Rory Gallagher: Quand j'étais gamin, on attendait de vous que vous portiez une chemise blanche et un nœud papillon ensuite j'ai joué avec les showbands pendant deux ans où je devais porter un uniforme. J'ai détesté faire ça. Généralement je déteste les vêtements flashy. J'aime juste porter des vêtements ordinaires. Je serais certainement gêné si quelqu'un me dit de porter une veste argentée ce soir.
Spencer Leigh: Vous êtes renommé pour jouer sur une Fender Stratocaster et la première fois que j'en ai vu une c'est lorsque Buddy Holly est venu en Grande Bretagne en 1958.
Rory Gallagher: Ouais sur la couverture du premier album de Buddy Holly & the Crickets - The Chirpin' Crickets - il tenait une Fender Strat et Niki Sullivan l'autre guitariste avait une Gibson. Tout le monde était stupéfait lorsqu'ils ont vu la Strat. Ça parait conservateur maintenant, mais à l'époque c'était comme une guitare de l'espace. C'était un look futuriste. Hank Marvin ensuite l'a popularisé mais ça m'a mis du temps avant d'en avoir une, mais tout le monde en a une maintenant.
J'ai une Gibson que j'utilise pour les gros sons et c'est aussi bon pour la slide. La strat est très piquante et est bonne pour le rythme et elle a un son très élégant. La strat peut prendre un coup et même si vous avez de la distorsion depuis votre ampli, la clarté de la guitare ne le laisse jamais sortir de la main. Ça ne devient jamais un Fuzz comme certaines grosses guitare avec Humbuckers en elles. Tout ça est une affaire de goût aussi. Les Telecasters sont géniales aussi, elle ont un son légèrement différent qu'une Strat. Elles sont un peu plus difficile à contrôler et elles ne sont pas aussi versatile parce que vous avez les trois micros sur une Strat. C'est ce qui les rend très confortable à jouer.
Spencer Leigh: Recevez-vous beaucoup de questions sur les guitares quand vous signez des autographes ?
Rory Gallagher: Bien sûr et j'aime répondre aux questions sur les guitares. Les jeunes guitaristes sont toujours fascinés par les modifications et les conseils que vous pouvez avoir.
Spencer Leigh: Avez-vous beaucoup d'albums de Bob Dylan préférés ?
Rory Gallagher: Je suis un grand fan de Bob. Mes albums préférés de Dylan reste Blonde on Blonde et Highway 61 revisited. J'aime "Fourth Time Around" et "One of us must know" et "Highway 61 revisited" avec Mike Bloomfield qui est brilliant à la slide guitar. Aux débuts de Taste j'avais l'habitude de jouer "Don't Think Twice It's Alright" et j'avais pensé enregistrer "Tough Mama" sur Planet Waves. C'est une chanson fantastique. Quelqu'un m'a dit que Jerry Garcia a enregistré une version solo mais elle n'est jamais sortie. (6)
Spencer Leigh: Comment est Dylan en tant que guitariste ?
Rory Gallagher: C'est un fin joueur acoustique. Il a un vrai sens du temps sur les premiers albums. Ce n'est pas un joueur magnifique mais il sait ce qu'il fait. Il est aussi correct à l'électrique. Il joue parfois de façon rudimentaire et désaccordé mais il est comme nous autres.
Spencer Leigh: Et à propos de vos disques de country préférés ?
Rory Gallagher: Mon album préféré de country de tous les temps est "Lonesome On'ry Man" qui est un album de Waylon Jennings et un autre "The Ramblin' Man" est aussi très bon. "Lay It Down" est une belle chanson et j'aime sa guitare, il joue sur une tempétueuse Telecaster. Il a un son très distinctif et il est un des premiers joueurs de Country a utiliser un son de Phasing sur sa guitare. Qui est un effet que l'on entend normalement dans le Rock. Cela change la tonalité que vous jouez tout du long, un peu comme le tremolo ou le vibrato.
J'aime certaines choses de Merle Haggard aussi. "My own kind of hat" est une chanson génial sur l'un de ses albums. C'est sur un album du nom de " Serving 190 Proof".
J'aime aussi les vieux chanteus country - Jimmy Rogers et Hank Williams bien sûr. J'aime Doc Watson qui est plus un joueur acoustique de country bluegrass, c'est un joueur superbe. Il a fait un gros tube qui s'appelle "Deep River Blues" qui n'est pas sans rappeler "Nashville Skyline Rag" l'instrumental de l'abum de Dylan. C'est presque la même mélodie.
Spencer Leigh: Vous vous êtes approché de la country avec "Out on the Western Plain". D'où vient cette chanson ?
Rory Gallagher: C'est une chanson de Leadbelly, une chanson de folk blues rural vraiment, je l'ai approché avec une touche celtique. J'ai changé le tempo et utilisé un accordage qui est plus utilisé par des gens comme Bert Jansch alors c'est une vraie fusion. Nous avons fait une chanson sur Blueprint qui s'appelait "If I Had A Reason" qui était plus une chanson country et j'ai fait une chanson sur le premier album "Rory Gallagher" qui se nomme "It's You" c'est pratiquement un truc country.
Keith Richards a dit que les meilleurs licks de guitares et d'harmonicas sont sur les disques de country et de blues et il a raison. Ce serait une honte pour les jeunes gens de rejeter la country music comme une sorte de chose sans signification mais il y a des gratteux absolument monstrueux sur ces disques.
Fred Carter, le guitariste est un joueur très instinctif. Chet Atkins a fait certaines choses merveilleuses. Ralph Mooney... qui était le joueur de Steel Guitar de Waylon, Floyd Cramer, Weldon Myrick, Charlie McCoy et James Burton sont de superbes musiciens. Roy Nichols avec les Strangers de Merle Haggard est un joueur très subtil et la liste est longue.
Spencer Leigh: Rory Gallagher, merci beaucoup.
Rory Gallagher: Ce fut un plaisir.
Notes:
(1) Pourquoi De Dannan ? Ils ne sont apparus qu'en 1975.
(2) Gold Tailed Bird (1971)
(3) Pas tout à fait vrai que le travail d'un bibliothécaire est de rendre compte de tout, mais nous savons ce qu'il veut dire.
(4) Juste réédité par le propre label du Cavern - une chose merveilleuse.
(5) Taste a joué le 28 août 1970 et Hendrix deux jours plus tard. Jimi a joué d'autres dates en plus - en Suède, Danemark, Allemagne, Hollande, son dernier concert étant une jam avec Eric Burdon et War au Ronnie Scott le 16 septembre 1970. Il est décédé le 18.
(6) C'est le cas maintenant. Garcia l'a souvent joué en Live et le premier enregistrement officiel est sorti en 1997.
Spencer Leigh: Rory, vous êtes managé par votre frère Donal. Est-ce un grand avantage parce qu'il y a tellement d'escroc dans ce milieu et vous savez que votre frère ne vas pas vous arnaquer ?
Rory Gallagher: Oui, c'est vraiment plus pratique d'être managé par mon frère comme ça n'implique pas un gros business. Bien sûr il a travaillé avec mois pendant des années, nous devons faire preuve de professionnalisme. Je suis passé à la moulinette avec certaines personnes au début alors c'est très réconfortant.
Spencer Leigh: Je présume que vous avez écouté beaucoup de musique folklorique irlandaise en grandissant.
Rory Gallagher: Un de mes parents jouait de la musique traditionnelle irlandaise et à la maison j'écoutais De Dannan (1), the Chieftains et Ronnie Drew & The Dubliners. Ça m'a affecté au niveau de mes accords et certaines idées de chansons mais en général je travaille à partir d'une racine blues et je développe. Vous ne pouvez pas garder une forte tradition comme la musique irlandaise sur ce que vous faites.
Spencer Leigh: Avez vous grandi avec le Rock n' Roll comme un gosse de 12 ans qui ne dit pas "J'aime le blues" ?
Rory Gallagher: Dans mon cas, j'ai d'abord découvert que Lonnie Donegan jouait des chansons de Woodie Guthrie et Leadbelly, je voulais découvrir les originaux de "Rock Island Line" et "Bring A Little Water, Sylvie". Ce n'est pas si éloigné alors pour aller jusqu'à Big Bill Broonzy. Puis en grandissant dans les 60's, j'écoutais Jimmy Reed et Chuck Berry et j'ai découvert Muddy Waters. Je n'ai pas grandi avec des disques de blues autour de moi. Je devais sortir et découvrir par moi même et lire à leur sujet. J'ai écouté du Rock n' Roll, de la Folk, du blues et j'ai distillé le tout, mais les années passant je me sens plus engagé vers le blues même à travers mes propres compositions, ça confine au Hard Rock et vers d'autres choses. L'âme de ma musique est le blues.
Spencer Leigh: Beaucoup de personnes pensent que le blues est répétitif.
Rory Gallagher: Et bien le blues est répétitif et ça fait parti de son charme. Jimi Hendrix était fondamentalement un joueur de blues et récemment vous avez Robert Cray, The Fabulous Thunderbirds et Stevie Ray Vaughan. Le Rock n' Roll est répétitif aussi et le Rock n' Roll est seulement une version excitée du blues. Si vous aimez le Rock n' Roll vous devez aimer le blues, mais certaine personne trouve le country blues trop rudimentaire et trop ethnique pour eux. Le Chicago blues c'est du blues électrique comme Howlin' Wolf, Muddy Waters et Elmore James. Ces gars branchaient leurs guitares alors que les musiciens de country blues étaient des joueurs acoustique primitifs. Comme ils sont venus à Détroit et Chicago et les autres grosses villes, ils sont devenus des musiciens folk des villes et ils avaient besoin d'amplis pour être entendu dans les bars et c'est devenu autre chose. Blind Boy Fuller, Blind Blake et Scrapper Blackwell jouait du country blues. Certaines personnes comme Big Joe Williams et Bukka White ont comblé le fossé.
Spencer Leigh: Qu'en est-il d'un gars blanc comme The Singing Brakeman: Jimmie Rogers ?
Rory Gallagher: Et bien c'était un chanteur de country et un joueur fin, un guitariste rythmique, et ce yodel est un truc country, mais il a beaucoup travaillé avec des artistes blues et ça l'a influencé. Il y a un autre Jimmy Rogers qui jouait la seconde guitare pour Muddy Waters. C'est un grand chanteur aussi et il a fait un grand album (2). Si Muddy finissait une session plus tôt, il laissait Jimmy enregistrer quelques chansons.
Spencer Leigh: Quand les Beatles sont apparus dans les 60's, étaient-ils trop commercial pour vous ?
Rory Gallagher: Non pas du tout. J'allais toujours à l'école en 1963 et je pensais qu'ils étaient géniaux quand ils sont sortis. Ils ont ramené beaucoup de gens qui étaient passés de mode. Ils ont ravivé l'intérêt pour Carl Perkins et Buddy Holly. Entre eux et les Stones, ils ont ravivé l'intérêt pour Chuck Berry. Les Beatles sont devenus plus commercial en grandissant mais ils n'ont jamais fait de mauvais disques. Je n'écoute pas la musique comme un bibliothécaire qui n'écouterait pas quelque chose qui sort de certaines catégories (3). Je peux écouter de bonnes chansons Pop, de la musique Grecque, de la musique des Balkans. J'ai l'esprit ouvert à toute les musiques.
Spencer Leigh: En tant que guitariste, comme évaluez-vous le jeu de George Harrison en tant que guitariste soliste ?
Rory Gallagher: C'est un guitariste peu commun. Avant toute chose, c'est un joueur de slide très sous estimé, un joueur très précis. Il est très bon dans la veine Carl Perkins. Beaucoup de cordes tirées, les soit disant effets fuzz moderne venaient habituellement de Paul McCcartney et John Lennon était un joueur rythmique très puissant. George était un joueur élégant et il n'a jamais ruiné une chanson. Il s'est toujours impliqué dedans et ça n'a jamais été un prétexte pour jouer au virtuose pour lui. Il avait des phrasés inhabituels mais il ne s'accordait pas bien sur le terrain des Eric Clapton/Jeff Beck. Il peut jouer du Rock n' Roll primitif et du Rockabilly.
Le grand guitariste de cette ville était Brian Griffiths de The Big Three: c'était un joueur extrêmement dangereux et bon. The Big Three a fait une version géniale de "Reelin' & Rockin" sur cet EP, The Big Three at the Cavern (4). Ils ont aussi fait une chanson originale qui est très bonne qui s'appelle "Don't Start Runnin' Away". Il y a un solo génial dessus et John Hutchinson et Johnny Gustafson étaient des chanteurs géniaux aussi.
Spencer Leigh: Avez-vous formé Taste comme un trio parce que vous avez vu ce que des groupes comme The Big Three faisaient ?
Rory Gallagher: Et bien ce n'était pas quelque chose de conscient. Johnny & the Pirates était un quartette mais il y avait seulement trois instruments - guitare, basse et batterie - et le guitariste Mick Green était vraiment énorme à cette époque. Mick était un fantastique guitariste est l'est toujours. Ouais peut être que nous essayions de capturer ce son rugueux et sévère que The Big Three avait, et Cream et le Jimi Hendrix Experience étaient aussi des trios. Nous n'avons copié aucun d'eux mais nous les admirions tous.
Spencer Leigh: Aviez vous aimé la façon dont Jimi Hendrix a amené la distorsion dans la guitare ?
Rory Gallagher: Avant Jimi Hendrix, Jeff Beck jouait avec la distorsion et aussi Keith Richards, et il y avait de la distorsion sur les disques de blues du début des 50's. Ils ne l'utilisaient pas comme une technique mais ils avaient de petits amplis qu'ils poussaient à fond et c'est devenu partie intégrante du son du Chicago Blues. D'une certaines manière Hendrix l'a façonné et en a fait une forme d'Art. Il était fantastique mais ce n'était pas le premier gars à utiliser la distorsion.
Spencer Leigh: Étiez-vous à l'île de Wight la même année qu'Hendrix ?
Rory Gallagher: Oui, mais nous étions à l'île de Wight seulement pour une journée et nous avons manqués beaucoup de concerts. Le line up pour ces festivals étaient outrageusement bons et fantastiques. Quand vous fonciez à un concert vous deviez être organisé et accordé, vous n'avez pas le temps d'analyser ce qu'il se passe, mais je me souviens d'une mer de visages qui semblait durer éternellement.
Nous avons du revenir en ferry et ensuite nous sommes allés droit sur le continent pour faire une tournée européenne, qui était la dernière tournée de Taste. Nous étions en Suède et un journaliste m'a appelé et m'a demandé que je commente la mort de Jimi Hendrix et je n'étais pas au courant à ce moment là. Quelques semaines plus tôt il avait joué au festival l'île de Wight. Je crois qu'il a fait une date au Danemark avant qu'il ne meurt.
Spencer Leigh: J'aime l'album "Against the Grain", et vous avez repris une vielle chanson Soul dessus "I Take What I Want".
Rory Gallagher: Un ou deux groupes l'ont repris dans les 60's. Je me rappel avoir entendu une version de James & Bobby Purify. Elle a été aussi reprise par un groupe de Londres, The Artwoods et nous l'avons simplement reprise parce que nous l'aimions.
Spencer Leigh: Et une chanson sur Defender est "Don't Start Me To Talkin'" qui est je me souviens de Sonny Boy Williamson.
Rory Gallagher: Je n'ai jamais vu Sonny Boy Williamson, même lorsqu'il est venu en Angleterre. Je suis dingue de cette chanson. Il était soutenu par le groupe de Muddy Waters et Muddy joue de la guitare dessus. Il n'y a pas de basse sur cet enregistrement ce qui est inhabituel.
Chaque fois que nous faisons un album, nous enregistrons quelques standards - des trucs blues et Rock n' Roll - et c'est une manière de se relaxer et d'être en bonne humeur pour l'album. Je ne suis pas sous pression en tant que compositeur quand je les écrit et je sens que je peux me relaxer et donner une représentation décente.
Spencer Leigh: Une de vos compositions sur l'album est "Loanshark Blues" qui est une chanson formidable.
Rory Gallagher: "Loanshark Blues" est ma chanson préféré de l'album curieusement, et j'ai rarement une chanson favorite sur mes albums. J'ai été influencé par "Sur les quais" (Elia Kazan). C'est une chanson sur un homme honnête. Il ne veut pas avoir affaire avec la pègre et il a des dettes au près d'un usurier et cela va au delà de ce qu'il peut rembourser. Alors il demande pour une offre qu'il ne peut pas refuser. En d'autres termes, il va commettre un crime pour eux pour s'acquitter de sa dette.
Spencer Leigh: Quand tu écris une chanson, les paroles sont-elles aussi importantes que la musique ?
Rory Gallagher: Même si la chanson semble accidentelle quand vous l'écoutez, j'ai du travailler très dur et sérieusement les paroles, alors elles sont importantes pour moi. Elles ne sont pas là pour combler les passages où il n' y a pas de guitares. Plus vous écrivez plus vous obtenez des choses sérieuses les paroles et la teneur. Certaines paroles sur l'album Defender sont vraiment bonnes. Sur les anciens "Philby" est une chanson bien écrite et aussi "Tattoo'd Lady" et "Calling Card".
Heureusement je n'ai jamais écrit d'imbécilités et il y a des chansons fortes sur chaque albums. Vous devez écrire de la musique vraiment excitante et les paroles doivent se lier à la musique. Ces longues chansons verbales dans le moule chanteur/compositeur sont trop ennuyeuses pour moi.
Spencer Leigh: Qu'est-ce qui vous a fait écrire au sujet de Philby ?
Rory Gallagher: Un jour je me suis senti harcelé car beaucoup de choses se passaient et je me sentais comme Philby avant qu'il ne passe la frontière albanaise. J'ai lu un livre sur lui et même si je ne suis pas trop favorable à son engagement, c'est un personnage fascinant. La chanson n'est pas strictement sur lui, mais j'ai essayer d'apporter certaines zones d'ombres qu'il y avait dans sa vie dans cette chanson. Quand tu es longtemps sur la route, vivant dans des hôtels c'est un peu comme vivre une vie d'espion.
Spencer Leigh: Et à propos de Shadow Play ?
Rory Gallagher: J'étais au lit avec la grippe, je m'ennuyais ferme et j'avais une guitare 12 cordes près de mon lit. J'étais complètement immergé dedans alors le riff de "Shadow Play" est sorti. J'ai essayé d'écrire une chanson d'un "autre monde". C'est comme si je quittais mon corps à 4 heures du matin. C'était basé sur de la fantaisie et il y a une touche de cauchemar dedans.
Spencer Leigh: Vous ne vous habillez pas pour la scène aussi vous êtes connu pour vos chemises à carreaux et vos jeans. Est-ce un geste délibéré de votre part ?
Rory Gallagher: Quand j'étais gamin, on attendait de vous que vous portiez une chemise blanche et un nœud papillon ensuite j'ai joué avec les showbands pendant deux ans où je devais porter un uniforme. J'ai détesté faire ça. Généralement je déteste les vêtements flashy. J'aime juste porter des vêtements ordinaires. Je serais certainement gêné si quelqu'un me dit de porter une veste argentée ce soir.
Spencer Leigh: Vous êtes renommé pour jouer sur une Fender Stratocaster et la première fois que j'en ai vu une c'est lorsque Buddy Holly est venu en Grande Bretagne en 1958.
Rory Gallagher: Ouais sur la couverture du premier album de Buddy Holly & the Crickets - The Chirpin' Crickets - il tenait une Fender Strat et Niki Sullivan l'autre guitariste avait une Gibson. Tout le monde était stupéfait lorsqu'ils ont vu la Strat. Ça parait conservateur maintenant, mais à l'époque c'était comme une guitare de l'espace. C'était un look futuriste. Hank Marvin ensuite l'a popularisé mais ça m'a mis du temps avant d'en avoir une, mais tout le monde en a une maintenant.
J'ai une Gibson que j'utilise pour les gros sons et c'est aussi bon pour la slide. La strat est très piquante et est bonne pour le rythme et elle a un son très élégant. La strat peut prendre un coup et même si vous avez de la distorsion depuis votre ampli, la clarté de la guitare ne le laisse jamais sortir de la main. Ça ne devient jamais un Fuzz comme certaines grosses guitare avec Humbuckers en elles. Tout ça est une affaire de goût aussi. Les Telecasters sont géniales aussi, elle ont un son légèrement différent qu'une Strat. Elles sont un peu plus difficile à contrôler et elles ne sont pas aussi versatile parce que vous avez les trois micros sur une Strat. C'est ce qui les rend très confortable à jouer.
Spencer Leigh: Recevez-vous beaucoup de questions sur les guitares quand vous signez des autographes ?
Rory Gallagher: Bien sûr et j'aime répondre aux questions sur les guitares. Les jeunes guitaristes sont toujours fascinés par les modifications et les conseils que vous pouvez avoir.
Spencer Leigh: Avez-vous beaucoup d'albums de Bob Dylan préférés ?
Rory Gallagher: Je suis un grand fan de Bob. Mes albums préférés de Dylan reste Blonde on Blonde et Highway 61 revisited. J'aime "Fourth Time Around" et "One of us must know" et "Highway 61 revisited" avec Mike Bloomfield qui est brilliant à la slide guitar. Aux débuts de Taste j'avais l'habitude de jouer "Don't Think Twice It's Alright" et j'avais pensé enregistrer "Tough Mama" sur Planet Waves. C'est une chanson fantastique. Quelqu'un m'a dit que Jerry Garcia a enregistré une version solo mais elle n'est jamais sortie. (6)
Spencer Leigh: Comment est Dylan en tant que guitariste ?
Rory Gallagher: C'est un fin joueur acoustique. Il a un vrai sens du temps sur les premiers albums. Ce n'est pas un joueur magnifique mais il sait ce qu'il fait. Il est aussi correct à l'électrique. Il joue parfois de façon rudimentaire et désaccordé mais il est comme nous autres.
Spencer Leigh: Et à propos de vos disques de country préférés ?
Rory Gallagher: Mon album préféré de country de tous les temps est "Lonesome On'ry Man" qui est un album de Waylon Jennings et un autre "The Ramblin' Man" est aussi très bon. "Lay It Down" est une belle chanson et j'aime sa guitare, il joue sur une tempétueuse Telecaster. Il a un son très distinctif et il est un des premiers joueurs de Country a utiliser un son de Phasing sur sa guitare. Qui est un effet que l'on entend normalement dans le Rock. Cela change la tonalité que vous jouez tout du long, un peu comme le tremolo ou le vibrato.
J'aime certaines choses de Merle Haggard aussi. "My own kind of hat" est une chanson génial sur l'un de ses albums. C'est sur un album du nom de " Serving 190 Proof".
J'aime aussi les vieux chanteus country - Jimmy Rogers et Hank Williams bien sûr. J'aime Doc Watson qui est plus un joueur acoustique de country bluegrass, c'est un joueur superbe. Il a fait un gros tube qui s'appelle "Deep River Blues" qui n'est pas sans rappeler "Nashville Skyline Rag" l'instrumental de l'abum de Dylan. C'est presque la même mélodie.
Spencer Leigh: Vous vous êtes approché de la country avec "Out on the Western Plain". D'où vient cette chanson ?
Rory Gallagher: C'est une chanson de Leadbelly, une chanson de folk blues rural vraiment, je l'ai approché avec une touche celtique. J'ai changé le tempo et utilisé un accordage qui est plus utilisé par des gens comme Bert Jansch alors c'est une vraie fusion. Nous avons fait une chanson sur Blueprint qui s'appelait "If I Had A Reason" qui était plus une chanson country et j'ai fait une chanson sur le premier album "Rory Gallagher" qui se nomme "It's You" c'est pratiquement un truc country.
Keith Richards a dit que les meilleurs licks de guitares et d'harmonicas sont sur les disques de country et de blues et il a raison. Ce serait une honte pour les jeunes gens de rejeter la country music comme une sorte de chose sans signification mais il y a des gratteux absolument monstrueux sur ces disques.
Fred Carter, le guitariste est un joueur très instinctif. Chet Atkins a fait certaines choses merveilleuses. Ralph Mooney... qui était le joueur de Steel Guitar de Waylon, Floyd Cramer, Weldon Myrick, Charlie McCoy et James Burton sont de superbes musiciens. Roy Nichols avec les Strangers de Merle Haggard est un joueur très subtil et la liste est longue.
Spencer Leigh: Rory Gallagher, merci beaucoup.
Rory Gallagher: Ce fut un plaisir.
Notes:
(1) Pourquoi De Dannan ? Ils ne sont apparus qu'en 1975.
(2) Gold Tailed Bird (1971)
(3) Pas tout à fait vrai que le travail d'un bibliothécaire est de rendre compte de tout, mais nous savons ce qu'il veut dire.
(4) Juste réédité par le propre label du Cavern - une chose merveilleuse.
(5) Taste a joué le 28 août 1970 et Hendrix deux jours plus tard. Jimi a joué d'autres dates en plus - en Suède, Danemark, Allemagne, Hollande, son dernier concert étant une jam avec Eric Burdon et War au Ronnie Scott le 16 septembre 1970. Il est décédé le 18.
(6) C'est le cas maintenant. Garcia l'a souvent joué en Live et le premier enregistrement officiel est sorti en 1997.
Re: Les interviews de Rory
Excellent ! Merci Garb !
Tiger- Messages : 5035
Date d'inscription : 10/05/2011
Age : 27
Localisation : On Earth
Re: Les interviews de Rory
Excellentissime! Trés bon travail mon Garby!!!
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"On est un groupe de rock, Et on joue du rock, c'est tout ce qu'on fait. On debarque dans votre ville, on vous nique la tête avec notre rock et on dégage." Lemmy Kilmister
Emi- Messages : 4358
Date d'inscription : 13/01/2011
Age : 46
Re: Les interviews de Rory
Interview rendue très intéressante par ton dur labeur Garb as i can understand english language but i prefer my mother tongue
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"It is in the shelter of each other that the people live". Irish proverb.
JLo- Messages : 38735
Date d'inscription : 15/02/2012
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