Defender (1987)

  1. Kickback City - 4'51
  2. Loanshark Blues - 4'29
  3. Continental Op - 4'34
  4. I Ain't No Saint - 5'00
  5. Failsafe Day - 4'25
  6. Road to Hell - 5'31
  7. Doing Time - 4'08
  8. Smear Campaign - 4'49
  9. Don't Start Me Talkin' - 3'37
 10. Seven Days - 5'15

Bonus tracks de la réédition de 2000:

  1. Seems to Me - 4'54
  2. No Peace For the Wicked - 4'06

Si JINX a une mauvaise réputation, celle de DEFENDER n'est guère meilleure: les années 80 ont fait beaucoup de mal à la musique rock, et on pourrait croire que celle de Rory Gallagher a été touchée.

Et étrangement, il n'en est rien: malgré l'époque, les problèmes personnels (Rory devient dépendant aux médicaments et à l'alcool), il livre un album personnel qui ne sacrifie pas aux modes du moment.

Cinq ans après JINX, une éternité donc, sort en 1987 DEFENDER qui paraît sur le label "Capo", le tout nouveau label créé par Rory. Il est accompagné  comme sur JINX de Gerry McAvoy à la basse et de Brendan O'Neill, trio renforcé sur certains titres des claviers de Lou Martin, Bob Andrews at John Cooke, et surtout de mark Feltham, qui deviendra un membre à part entière du groupe.

L'album débute assez moyennement avec Kickback City, une composition assez banale que vient lester un synthé daté joué par John Cooke, synthé qui n'est heureusement pas omniprésent. Rory ajoute une touche orientalisante avec sa Coral Sitar. Un titre pas inoubliable.

Loanshark Blues est heureusement tout différent. Rory considérait que c'était peut-être son meilleur titre, et il est en effet superbe: il s'agit d'un blues poisseux, évoquant Slim Harpo, dans lequel Rory joue superbement (notamment de la slide), et il est idéalement accompagné par Gerry et Brendan (lequel joue remarquablement sur ce titre).

Continental Op n'est pas en reste: c'est une excellente compo, dans un style boogie-rock, inspiré par le Continental Op de l'écrivain Dashiell Hammet.

Titre dansant, I Ain't No Saint est un titre joyeux sur lequel intervient l'harmoniciste Mark Feltham. Le solo de Rory est plein de feeling, et on peut entendre là encore la Coral Sitar.

Failsafe Day est avec Kickback City le titre que j'aime le moins de l'album: je trouve ce titre assez peu original, et je n'accroche pas au chant de Rory.

Road To Hell est un rock solide, avec un riff puissant, que n'aurait pas renié les Stones.

Titre peu connu, Doing Time est pourtant excellent: c'est une compo rock jouissive, avec un riff d'intro excitant et de superbes parties de slide au son tranchant, notamment lors du superbe solo de Rory.

Smear Campaign est un titre qui passe bien, avec là encore un beau solo de slide.

Le blues Don't Start Me To Talkin' est une belle reprise de Sonny Boy Williamson II (Rice Miller), avec un Mark Feltham en verve qui plombe un très bon solo d'harmonica. Le solo de Rory montre qu'il est toujours un maître du blues et qu'il n'a rien à envier aux SRV du monde entier.

L'album original se clôturait sur Seven Days, magnifique titre, un de mes préférés de Rory. L'intro acoustique est splendide, avec un énorme feeling, et arrive ensuite la slide, le piano du revenant Lou Martin.

Les deux bonus tracks proviennent d'un single:



Le premier bonus track ,Seems to Me, évoque d'emblée Stevie Ray Vaughan, dans le son de la guitare et de la section rythmique. C'est un excellent shuffle.

Le second bonus, No Peace For the Wicked, est superbe: le son de la slide est garage, loin du blues FM formaté et aseptisé des années 80. Il aurait trouvé avantageusement sa place sur l'album.

Si DEFENDER n'est pas le meilleur album de Rory, il doit néanmoins être réhabilité, car il contient d'excellentes compositions et marque une volonté de revenir au blues sur ses albums (et ce avant le revival, dont Rory ne profitera jamais). L'arrivée de Feltham comme guest dans le groupe à fait beaucoup de bien à cet égard.

Et pour un album de rock sorti en 1987, c'est une vraie réussite, car il n'a pas les défauts de beaucoup de ses contemporains: synthés, batterie "eighties", production datée etc

En 1987, bien que quelque peu oublié par la critique, Rory était donc toujours bien vivant, et l'album suivant ("Fresh Evidence") va le confirmer de la plus belle des façons.

La pochette originale de DEFENDER (photo prise par Donato Cinicolo III).



Sur le LP, la répartition des titres sur les 2 faces était la suivante:

Face A:

1. Kickback City - 4'51
2. Loanshark Blues - 4'29
3. Continental Op - 4'34
4. I Ain't No Saint - 5'00
5. Failsafe Day - 4'25

Face B:

6. Road to Hell - 5'31
7. Doing Time - 4'08
8. Smear Campaign - 4'49
9. Don't Start Me Talkin' - 3'37
10. Seven Days - 5'15

A noter que la première réédition CD comprenait déjà les deux bonus tracks ("Seems to Me" et " No Peace For The Wicked"), provenant du single qui accompagnait l'album.

DEFENDER est le premier album paru sur le label de Rory, "Capo" (Jinx étant le dernier album paru sur le label Chrysalis).

Rory avait créé ce label pour pouvoir être libre et maître de l'ensemble du processus de création. Son indépendance s'est donc traduit par la création d'un label indépendant.

Amusant: sur "Failsafe Day", et surtout sur les premières mesures de batterie, on dirait le rythme de "Honky Tonk Women" des Stones!

Le cinéma était une grande inspiration pour Rory. Ainsi le titre "Loanshark Blues" est inspiré du film "Sur Les Quais" d'Elia Kazan avec Marlon Brando ("On The Waterfront" dans son titre original):



"Loanshark Blues" a d'ailleurs été envisagé comme titre de l'album.

Et outre la musique, le cinéma et la peinture, une autre grande passion de rory était la littérature policière, ses auteurs favoris étant Raymond Chandler, Patricia Highsmith et surtout Dashiell Hammett.

Rory adorait en effet les aventures du détective crée par Hammett, le "Continental Op", au point de créer une chanson en hommage à ce détective et à son créateur (le titre s'appelle d'ailleurs "Continental Op" (To Dashiell Hammett)"

Une chronique mitigée de l'album:

"Released five years after his last effort (an eternity for the prolific Irish blues guitar slinger who had been churning out at least an album a year throughout the '70s), Defender is another quality blues-rock offering.

Although Gallagher is in fine tough form here and it was his debut release for his own indie label, there is little difference between this and some of his less stellar '70s albums like Top Priority and Photo-Finish.

The pounding, guitar-heavy opener "Kickback City" sounds more like hairy rockers Bad Company than anything approaching the deep Chicago and country blues Gallagher dearly loved. The quality picks up substantially as the volume subsides on "Loanshark Blues," but by-the-books crunch-rockers like "Failsafe Day" and the unfortunately titled "Road to Hell" don't bode well for Gallagher moving out from an increasingly formulaic pigeonhole.

There are a few corkers here like "Continental Op," a blazing riff that stands with Gallagher's best work and revisits his familiar cloak-and-dagger theme. The swampy, less abrasive "I Ain't No Saint" also pushes the quality up a few notches, as does his gritty version of Sonny Boy Williamson's "Don't Start Me to Talking," the bluesiest song on the disc and one of the few times he pulls out his greasy slide. "Seven Days" is the lone acoustic track and it's a good one, with piano and harp accompaniment and Gallagher singing like he means it as he takes the part of a criminal fleeing from the electric chair.

The 2000 reissue adds a pair of rugged bonus tracks (along with a cleaner sound mix), which are actually better, or certainly as good as the best cuts on the rest of this competent but hardly essential Rory Gallagher disc.

http://blazplavi-guitarmusic.blogspot.com/2008/05/rory-gallagher-defender-1988.html

"Defender" reste quand y pense un des meilleurs albums de blues-rock des eighties, péridoe où ce style de musique était loin d'être à la mode (c'était avant le blues revival, dont Rory n'aura pas profité).

On est loin en effet des travers des albums de blues sortis à l'époque (albums comprenant le plus souvent compos inexistantes, avec un son calibré FM, des synthés, et des soli de guitare bavards et inutiles, chant forcé etc).

Il suffit d'écouter les albums que Clapton a sortis pendant cette période, qui sont abominables!

"Defender" et un album un peu inégal, mais sincère et cohérent, qui a bien passé l'épreuve du temps, et dont les compos ne sont pas des prétextes à des démonstrations guitaristiques: c'est un album de combat, l'album d'un songwriter et d'un guitariste qui a encore beaucoup de choses à dire, et qui refuse de céder à la facilité en alignant des riffs bateaux, des soli de guitare démagogiques ou en chantant "Sweet Home Chicago".

C'était d'ailleurs un des albums préférés de Rory, celui où, disait-il, il avait mis le plus de lui-même.

Par contre, et là je rejoins le chroniqueur, les 2 bonus tracks du remaster (parus à l'origine en 45t) auraient mérité leur place sur l'album, en tout cas "No Peace For The Wicked" (qui aurait par exemple avantageusement remplacé "Kickback City" à mon goût).

Le single qui était offert en 1987 avec le LP (les titres qui y figurent sont désormais sur le CD remaster):

Donal Gallagher: "Torch was a working title for Defender (as was ‘Loan-Shark Blues’),
because this title was many years in the making, it may have confused."

Et en effet, bien que Gerry attribue ce titre à l'album avorté de 1977, Torch était bien le titre de l'album qui alllait donner Defender:

Rory: "Well, the album will either be ‘Torch’ or ‘Loan Shark Blues’ which is one of the tracks on the album."

Rory: "The predecessor of Defender, an album called Torch, was put in the bin. The recordings went on and on and eventually I just turned against it. This happened before. We did a complete album in San Francisco in the '70s and then scrapped it. That was the album before Photo-Finish. This is the constant danger. If you're working for months on end in the studio you lose the joy of it and in the end you turn against it. I've just got this one finished in time. I'm happy enough with it now."

Donal:“Torch” was a working title, and he referred to that title to a journalist. And the next thing it was taken away by a band associated with that journalist called Torch. It was like any album with a several working titles. At one point, it was slated as “Loanshark Blues”. “Defender” was presented as “Defender of the Blues.”

“Defender” comes from a newspaper in Chicago called “The Defender.” From tracks like “The Loop,” Rory had a fondness for Chicago and the culture of that city and its blues. The “Defender” newspaper was a magazine sold by many of the Blues guys who came up from the south and had no work, and they were paper boys selling it in the street corners between sessions for Chess records or for whomever they did. That's how they made a living selling the “Defender.” And that's how the title came about.

Pour preuve, je possède une photo (de mauvaise qualité) que m'a envoyée JN Coghe (et qu'il a prise avec son portable) de la maquette de la couverture de l'album Torch, avec des titres que l'on retrouvera sur Defender:



Dans la tracklist, on peut distinguer 11 titres, dont me semble-t-il "Kickback City", "Continental Op", "Smear Campaign", "Ain't No Saint", "No Peace For The Wicked", " Failsafe Day" et "Loanshark Blues".

Ma chronique: http://cradle-rock.blogspot.com/2011/03/defender-1987.html

Chino a écrit:



Dans la tracklist, on peut distinguer 11 titres, dont me semble-t-il "Kickback City", "Continental Op", "Smear Campaign", "Ain't No Saint", "No Peace For The Wicked", " Failsafe Day" et "Loanshark Blues".

J'ai aussi l'impression d'y lire "The King Of Zydeco" (l'avant dernier titre de la tracklist !)
Le dessin de la pochette est t-il de Rory ?
C'est amusant car la typographie fait penser à celle de l'album Deuce.

Source : Hard Rock Magazine, Octobre 1987

Merci Régis !

Sur la réédition de Defender:

‘Defender,’ Rory Gallagher (Eagle Records, HHHH)

Rory’s third ’80s album came out in ’87 with drummer Brendan O’Neill and bassist Gerry McAvoy. Piano, harmonica and other keyboards were effectively utilized on various tracks. This was the first effort for his own label, Capo, featuring 12 originals including “Loanshark Blues” and “Continental Op.”

Additional highlights include the oddly prescient “I Ain’t No Saint;” the acoustic “Seven Days,” featuring outstanding National Steel guitar; “Don’t Start Me To Talkin’,” Sonny Boy Williamson’s song in overdrive; and the first bonus cut, “Seems to Me.”

Lou Martin is back on the keyboard committee, and one-song harmonicat Mark Feltham would soon be added to Rory’s band. This is a strong album for your growing collection.

http://www.sunherald.com/2011/08/25/3376525_p2/mays-re-emerges-doobies-sign-off.html

Rory à propos de Dashiell Hammett:

"He suffered a lot. His health was bad. He had a problem with drink. His relationships with women were all messed up because of his work. And he got a lot of hassle from the authorities and the establishment. But still, he stayed true to what he wanted to do and he laid down the definitive rules for what's become known as the hard-boiled school of writing."

Le parallèle avec sa propre vie est troublant.

Absolument.

Si j'ai bonne mémoire d'ailleurs, cette citation figure au début du chapitre sur Rory dans le livre Irish Folk, Trad and Blues: A Secret History de Colin Harper & Trevor Hodgett.

Source: http://www.uptownmag.com/music/cd-reviews/Defender-136028978.html

la classe..

ouais!!! carrément!!

Je sais plus si elle fait partie de l'album celle ci....

Hello,
It took some time but i knew i had these photo's in colour somewhere.





Greetings, Wim.

fantastic!!!

Thanks Wim!!!