Basel, Suisse, 1er février 1970 [Bootleg]

Un des bootlegs indispensables de Taste Mk2 est le live à Basel (Suisse) du 1er février 1970. Ce boot existe sous les titres suivants:

- "Catfish" (double LP rare):



- "The Irish Werewolf" (CD)



- "Taste The West" (CD):



- "Basel Or Bust" (CD):






C'est sans doute le boot de Taste le plus connu, celui qui circule le plus, et un des meilleurs, notamment au niveau du son.

La tracklist:

1.Morning sun
2.Sugar Mama
3.I’ll remember
4.Walkin’ blues
5. Eat my words
6. Railway and gun
7.I feel so good
8.whats going on
9.Catfish
10.Same old story

Le live de Taste à Basel (Suisse) en février 1970 en intégralité:

A noter que 2 titres de ce concert 'I Feel So Good" et "Catfish") sont également parus sur 2 CD bootlegs:

- "Live In Amsterdam-Amburgo-Basilea 1970", un CD bootleg italien paru en 1992 (Armando Curcio Editore):



- "Just A Rolling Stone":

Un bon concert, sauvage, bourré d'énergie, qui résume à la fois la puissance et l'énergie de Taste en live, mais qui résume aussi les réserves que j'ai sur ce trio: la rythmique n'est pas assez carrée à mon goût, ça part dans tous les sens, et si c'est aventureux (le trio joue sur le fil et prend beaucoup de risques), le résultat est quand même parfois assez cahotique.

McCracken n'est pas Jack Bruce, et Rory joue parfois trop, (ses idées ne sont pas véritablement canalisées, et ses soli manquent en conséquence parfois de construction), et avec un son qui n'est pas encore celui qu'il aura en solo. Et le jeu trop jazzy et volubile de John Wilson et de Richard McCracken ne sied pas toujours à la musique de Rory (ce qui explique d'ailleurs les futures tensions qui aboutiront au split).

Si ça fonctionne sur la majorité des titres (comme Sugar Mama, Railway & Gun, Feel So Good ou Catfish par exemple, qui ont une structure blues), il y a sur certains autres des moments où on a l'impression que chacun joue sans se soucier des autres.

Ainsi, sur "I'll Remember" par exemple, le trio fait un peu n'importe quoi: le titre devient le prétexte à une impro free-form, qui en devient carrément bordélique et au final assez pénible à écouter.

Idem lors du solo de Rory sur "Eat My Words", au cours duquel McCracken, sans doute grisé par l'énergie déployée, fait presque un solo sur sa basse en même temps que le solo de guitare de Rory, pour un résultat un peu... déroutant!

Le concept de vouloir absolument improviser sans arrêt, sans filet et coûte que coûte engendre parfois des passages un peu bordéliques, une cohérence mise en péril et nuit en dernier ressort à la musicalité. La musique gagnerait à être canalisée et plus structurée à mon avis (cf le final de "Catfish").

J'ai l'impression que les trois compères surestiment parfois leurs capacités d'improvisateurs ou qu'ils sont inconscients, car quelle prise de risques quand même, et quelle sauvagerie!

le groupe est dans une logique de power-trio, où l'improvisation devient plus une fin qu'un moyen.

Rory n'est à cet égard pas exempt de tout reproche: si Wilson et McCracken sont très (trop) volubiles (et parfois à côté de la plaque), le jeu de Rory est également assez chargé, il joue beaucoup de notes de façon très rapide, et joue parfois trop longtemps (quitte à recycler des plans), pour un résultat qui n'est pas toujours convaincant.
Rory est à l'époque dans une impasse artistique à mon avis, et il s'en rend compte. A noter par ailleurs l'absence de titres acoustiques, qui auraient avantageusement donnés une respiration bienvenue aux concerts du groupe, concerts qui ont souvent une tonalité hard-blues-progressif plus que blues-rock.

Les quelques mois de "repos" forcé suite split de Taste vont donc être bienvenus et se révéler finalement très fructueux: Rory va en effet trouver la bonne formule. Il va ainsi revenir au blues en écoutant beaucoup de bluesmen, il va travailler intensément la guitare acoustique (et par là même épurer son jeu), et écrire des chansons. Il va aussi chanter plus subtilement.

Par ailleurs, le recrutement d'une nouvelle section rythmique, à la fois anonyme (pour éviter justement les luttes d'égos), à la fois carrée et à son service, va complètement régénérer Rory et lui permettre de s'exprimer pleinement dans une direction différente: fini le Power-Trio sans véritable leader qu'était Taste Mk2 (ça rappelle Cream au passage), place au Rory Gallagher Band, c'est-à-dire au groupe de Rory Gallagher.

Et pour reprendre ton exemple du live de Taste à Wight, et outre le What's Going On où il y a des erreurs (harmoniquement, Rory se plante à un moment dans son solo), il suffit d'écouter la version de "Sinner Boy" et le sentiment de désordre qui y règne lors du solo de Rory et la comparer avec les versions qu'en donneront le RGB Mk1, pour se rendre compte de la différence et de l'impasse dans laquelle se trouve Rory en 1970.

Taste est donc une période fondamentale pour Rory: les tentatives réussies (car il y en a beaucoup quand même!) mais aussi ratées du trio vont en effet lui permettre de révéler définitivement ce qu'il veut et ce dont il ne veut plus. En se recentrant sur ses envies, et en abandonnant au passage quasiment toutes ses compos de l'époque Taste, il va recentrer, canaliser et épurer sa musique. Pour mon plus grand bonheur, même si j'aime Taste, et que j'aurais adoré assister à un de leurs concerts (ça devait être quand même assez dément).

Et il est assez remarquable de constater que c'est en quelques mois seulement qu'il va se reconstruire et rebondir artistiquement. Le premier album solo de Rory est en effet remarquable, et les lives n'ont plus rien à voir avec ceux de Taste. Il y a véritablement un avant et un après le split de Taste.

Bonne chronique, mais y a quoi comme bon concert de Taste alors ?

Je ne suis pas un immense fan de Taste, mais j'aime le Live Taste par exemple (officiel).

La version de Catfish du concert de Basel est également sortie en face A sur un single 10" bootleg (label Dreamland), couplé en face B avec une version de Leavin' Blues interprétée par Johnny Winter à Essen en 1979:







Ce single 10'' a été pressé à 300 copies.

Ce concert de Taste vient de ressortir en bootleg CD sur le label Godfather Records, sous le titre "Another Night Has Gone" (G.R 854):